Un comité bipartite devrait voir le jour pour étudier les meilleurs moyens de prévention et de sensibilisation des travailleurs sur les dangers du sida. C'est en 1983 que le premier cas de sida a été diagnostiqué au niveau du service dermatologie du CHU d'Alger. Depuis, des centaines de séropositifs et sidéens ont été recensés. Entre 1983 et 2004, ce sont 670 cas de sida et 1 721 séropositifs qui ont été enregistrés en Algérie. Les statistiques élaborées sur la base de déclaration et dépistage montrent que la maladie progresse et même si elles ne sont pas aussi alarmantes que celles des autres pays, le danger est là et doit être pris au sérieux. D'autant que l'Algérie se situe dans la région à risque, à savoir l'Afrique du Nord. Plus de 42 millions est le nombre de personnes atteintes du sida ou séropositives dans le monde. Près de 5 millions de cas ont été enregistrés en 2004 dont 3,1 millions dans la région subsaharienne et 92 000 au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Pour les spécialistes, l'Algérie, de par sa situation géographique est un pays à risque et des barrières doivent être dressées pour freiner l'évolution de cette épidémie. Le fait que la tranche 15-49 ans soit la plus touchée et la plus vulnérable montre que la population active doit être informée et sensibilisée sur les dangers de cette maladie. C'est dans cet esprit que le comité sectoriel de lutte contre le sida dans le monde du travail a pris l'initiative de faire impliquer les organisations syndicales dans le travail de prévention. Une journée de sensibilisation sur l'épidémie a été organisée, hier, en direction des responsables syndicaux de divers secteurs économiques. Créé en 2003 sur décision ministérielle, le comité est une structure tripartite, composée de représentants du ministère du Travail, de l'UTA et des confédérations patronales, dont la mission est le lancement de toutes les actions de prévention et de lutte contre le sida dans le monde du travail. La rencontre d'hier qui a regroupé médecins et syndicalistes a été caractérisée par plusieurs communications traitant de la maladie et ses nombreux dangers. Il était question surtout de convaincre les syndicalistes de la nécessité de lancer des actions de prévention sur les lieux mêmes du travail. Le chiffre exact des travailleurs atteints ou séropositifs n'est toujours pas disponible pour diverses raisons dont la pudeur et la honte, mais le fait que la tranche 15-49 ans soit la plus touchée laisse croire que le nombre de travailleurs sidéens ou séropositifs est très important, nous explique l'un des médecins. Et d'ajouter que l'impact de la maladie sur le plan économique du pays peut être aussi dangereux que sur l'organisme humain. Dans son intervention sur l'impact du sida dans le monde du travail, le docteur Ould Kablia paraphrasant le DG de l'OIT a indiqué que “le sida a un impact dévastateur sur le monde du travail, mais dans le même temps, l'entreprise est un lieu potentiel majeur d'intervention pour façonner une riposte multisectorielle unifiée”. Abordant les contraintes liées à cette épidémie en milieu professionnel, l'oratrice citera l'absentéisme du malade, la retraite anticipée, baisse de la main-d'œuvre qualifiée, diminution du revenu du travailleur, stigmatisation et discrimination, déscolarisation des enfants, baisse de la productivité et réduction des recettes publiques. La prévention est donc utile et nécessaire dans le monde du travail. Comment et par quels moyens ? La représentante de l'UTA au sein du comité sectoriel proposera la création d'un comité bipartite pour réfléchir sur les stratégies de prévention. Mme Rahmani ira jusqu'à appeler les syndicalistes à inclure la prévention du sida en milieu professionnel dans les plates-formes de revendications socioprofessionnelles. M. B.