L'Europe doit prendre de nouvelles mesures dans le secteur financier et mieux coordonner ses politiques macroéconomiques pour amorcer la reprise en 2010, estime le Fonds monétaire international. Dans une étude intitulée "Comment affronter la crise", le FMI réaffirme ses prévisions économiques du 22 avril, à savoir une contraction du produit intérieur brut de 4,2% cette année suivie d'un repli de 0,1% en 2010. La récession sera plus forte dans les pays émergents de l'Est mais le redémarrage pourrait y être plus rapide en 2010, ajoute le Fonds qui a secouru cette année certains de ces Etats les plus touchés par le ralentissement économique mondial. Sa prévision 2009 est ainsi de -4,9% pour les pays émergents, contre -4,0% pour les pays avancés d'Europe, mais les pays d'Europe centrale et orientale connaîtraient en 2010 une reprise de 0,7% quand le PIB se contracterait encore de 0,4% chez les plus riches. En France, le FMI prévoit une récession de 3,0% cette année puis un retour à la croissance dès 2010 (+0,4%). "Les initiatives qui ont été prises pour contrer la profonde récession en Europe constituent une bonne base pour aller vers une reprise progressive, mais les pouvoirs publics doivent prendre de nouvelles mesures, en particulier dans le secteur financier, pour rétablir la confiance des marchés et accélérer la reprise," a expliqué Marek Belka, directeur du département Europe du FMI, à l'occasion de la sortie de l'étude. Pour rétablir le secteur financier, le Fonds prône la poursuite des apports de liquidités et le desserrement du crédit là où c'est nécessaire et une reconnaissance "crédible" des pertes du système financier. Il suggère aussi la recapitalisation des institutions viables par le secteur privé mais avec un soutien public le cas échéant, et le cantonnement des actifs toxiques, lorsqu'ils constituent une proportion importante des bilans des banques, dans des structures de défaisance si possible "gérées par le secteur privé avec un soutien et un financement de l'Etat." Le FMI demande également que les politiques macroéconomiques continuent de soutenir la demande, "étant donné que le ralentissement va sans doute se prolonger." L'étude, bouclée le 15 avril, conseille à la Banque centrale européenne "d'exploiter sans tarder les possibilités qui restent d'abaisser les taux d'intérêt" et d'envisager des mesures d'assouplissement non conventionnelles - ce que la BCE a décidé en effet à sa réunion monétaire du 7 mai. "La politique monétaire doit être utilisée pour faire en sorte que les anticipations inflationnistes restent fermement positives, en empêchant tout risque de déflation," ajoute le FMI. L'étude note que l'inflation "devrait descendre très bas dans un grand nombre de pays" mais estime peu probable le scénario d'une baisse des prix durable et généralisée. Aux Etats, il est demandé de maintenir jusqu'en 2010 les politiques budgétaires de soutien à l'activité, "en donnant la priorité aux impératifs d'efficacité et de viabilité." "La mise en oeuvre rapide et généralisée des mesures de relance doit aller de pair avec la volonté de rééquilibrer ultérieurement les finances publiques," souligne le FMI. Au-delà, l'étude insiste sur la nécessité d'une plus grande coordination des politiques. "Ce dont l'Europe a le plus besoin, c'est d'un cadre de coordination robuste," a estimé Marek Belka en déplorant que l'Union européenne, l'économie de marché la plus intégrée du monde, se contente de mesures nationales contre la crise. "L'Europe est confrontée à une tempête économique d'une ampleur historique et elle doit d'urgence veiller à ce que ses institutions soient à l'épreuve des intempéries," a-t-il ajouté.