La normalisation et son corollaire, la certification, sont désormais au centre de la stratégie des entreprises agroalimentaires de par le monde entier confrontées à un environnement de plus en plus exigeant marqué par de multiples crises sanitaires récurrentes, par l'émergence de nouvelles problématiques alimentaires (Organismes génétiquement modifiés, produits allergènes, produits biologiques...etc.En Algérie, et spécialement dans le secteur agroalimentaire, il n'y a qu'une très faible prise de conscience de la nécessité d'une adaptation de processus de production et de gestion de l'entreprise qui soient conformes à des normes reconnues à l'échelle internationale. Selon le bureau de consulting en développement durable, Gredaal, les rares entreprises qui se sont engagées ou qui projettent de s'y engager à court terme sont, en fait, des entreprises qui ont exporté ou qui cherchent à exporter leurs produits. C'est alors, constate la même source, qu'elles se rendent compte de la difficulté de faire la preuve de l'innocuité de leurs produits pour la santé des consommateurs du pays ciblé à l'exportation. Une certification permettant de garantir la qualité du produit devient alors impérative, mais la procédure pouvant être très longue, l'objectif stratégique d'exporter doit alors être reporté à plus tard. Dans cette situation, le risque est grand de voir perdre à jamais le débouché potentiel prospecté. Pour Gredaal, l'exportation n'est pas le seul aiguillon pouvant pousser les entreprises locales à s'intéresser à une certification. Il y a aussi les impératifs liés à la concurrence des produits étrangers sur le marché domestique. L'abandon du monopole d'Etat sur le commerce extérieur a eu pour effet de faciliter largement l'accès de toutes sortes de produits agroalimentaires au marché national. Et les entreprises locales se sont vite aperçues que leurs produits étaient concurrencés à un double niveau : premièrement en haut de gamme par les grandes marques internationales, bien connues des consommateurs algériens qui ont tendance à les considérer comme un gage de qualité. Pour survivre sur ces marchés de niche, l'entreprise locale a le choix entre l'adoption d'une démarche autonome de certification de la qualité de ses produits propres ou l'adoption d'une politique de production sous le label d'une marque étrangère (accord de licence par exemple). Dans les deux cas de figure, la certification s'impose. En bas de gamme par des produits de très faible qualité, (fromages fondus artisanalement fabriqués dans des entreprises informelles par exemple…), ou importés plus ou moins légalement (des chocolats proviennent du Maroc par voie terrestre sans contrôle). Bien sûr, très logiquement, les entreprises réclament un renforcement de la réglementation et des contrôles pour elles-mêmes comme pour tous les produits circulant sur le marché, sentant qu'un tel renforcement irait dans le sens de leurs intérêts en autorisant l'élimination des produits de qualité douteuse. Là aussi, la solution passe par la certification de leur propre production. Il y a enfin, sur le marché domestique, un troisième aiguillon qui peut accélérer l'adoption de normes de qualité et la certification dans les entreprises agroalimentaires. Il s'agit, d'après le bureau conseil Gredaal, de l'apparition de la grande distribution. Il est évident, pour tout observateur averti, que celle-ci a un avenir plus que certain dans un pays comme l'Algérie où la majorité des consommateurs sont réceptifs aux pratiques internationales de la grande distribution, bien informée grâce aux chaînes de télévision étrangères en particulier. Dalila B.