Jugée morte-né, suite à la meurtrière intervention israélienne à Gaza, du 27 décembre au 19 janvier, l'Union pour la Méditerranée (UPM) s'apprêterait-elle à surmonter cette dure épreuve, juste avant son premier anniversaire ? A en croire les travaux de la réunion sur le développement durable des ministres des pays membres de l'Union, qui se sont ouverts, jeudi après-midi, à Paris et auxquels les pays arabes ont pris part, le projet est sur le point de reprendre enfin ses marques et ce, en dépit des nombreuses entraves, d'ordre politique, qui restent encore pesantes. Le rendez-vous était pour la renaissance de l'UPM à travers un débat autour du développement durable. Une réunion qui a, faut-il le souligner, pu rassembler le ministre israélien de l'environnement, Gilad Erdan, le ministre de l'économie de l'Autorité palestinienne, Bassem Khouri, ainsi qu'une quinzaine de leurs collègues, et ce, pour la première fois depuis le déclenchement de l'offensive israélienne sur Gaza. La France et l'Egypte ont pensé que pour dégeler l'UPM, il suffit de bâtir une coopération régionale autour de projets concrets. Transport, eau, énergie, aménagement urbain : les besoins en infrastructures ont été évalués à 200 milliards d'euros par la Banque européenne d'investissement (BEI). Lors de cette rencontre, les ministres ont examiné deux cents projets et annoncé le lancement de cinq d'entre eux, pour un montant d'un milliard d'euros. Le plus gros concerne l'extension d'une station d'épuration au Caire. Celle-ci permettra de traiter les eaux usées de 2 millions de personnes. Autre initiative, un projet d'adduction d'eau à Gaza a été retenu comme l'une des "priorités" de l'UPM sur proposition de la France. Outre la dépollution de la Méditerranée, l'un des premiers projets pilotes de l'UPM est le plan solaire. Très ambitieux, il prévoit un essor de la production d'énergie renouvelable grâce au développement à grande échelle des technologies solaires. L'une des pistes à l'étude est la création de gigantesques centrales thermodynamiques dans le Sahara, qui permettraient, via des câbles sous-marins, d'alimenter l'Europe en électricité. Des panneaux photovoltaïques vont être installés dans les déserts tunisien et marocain avec une capacité de 20 gigawatt à l'horizon 2020. Le développement durable des villes a également été au coeur des débats. La population des villes du Sud de la Méditerranée aura gonflé de 100 millions de personnes en 2025 par rapport à 2000. Une réunion des ministres de l'Environnement est prévue mi-octobre à Dubrovnik (sud de la Croatie), d'autres rendez-vous ministériels consacrés aux transports puis à l'énergie devraient avoir lieu respectivement en Egypte et en Grèce d'ici à la fin de l'année. Cette réunion de Paris, à laquelle prend part l'Algérie, A permis aux participants de faire le point sur l'état d'avancement des projets retenus concernant l'eau et l'environnement, l'énergie, les transports et le développement urbain et durable. Le financement de ces projets a été également débattu. A ce titre, à l'issue de rencontre, près de 23 milliards d'euros ont été débloqués par les différents partenaires. Pour rappel, le Fonds de l'environnement mondial a mis en oeuvre un programme dédié au développement durable en Méditerranée, doté de 50 millions de dollars ; la BEI a mobilisé 7,5 milliards d'euros pour la période 2009/2013, l'agence française de développement prévoit d'ici 2013 un montant d'engagements annuels de près d'un million de dollars dans des secteurs au coeur de l'UPM, comme les villes, le transport urbain, le plan solaire, la dépollution de la Méditerranée, l'appui aux entreprises, etc. Pour l'ensemble des projets, les besoins sont estimés à 200 milliards d'euros, rien que sur les cinq prochaines années et les 43 pays membres sont loin d'avoir rassemblé l'argent nécessaire. A l'ouverture de la réunion, le ministre égyptien du Commerce et de l'Industrie, Rachid Mohamed Rachid, a souligné l'importance que revêtent les projets de développement durable qui "donneront une impulsion importante au développement de la région méditerranéenne". Rachid Mohamed Rachid a déploré, toutefois, la faiblesse des échanges commerciaux entre l'UE et les pays de la rive sud de la Méditerranée. Dans ce contexte, il a appelé au renforcement des échanges commerciaux et économiques pour "donner un nouvel élan" aux relations entre les deux rives de la Méditerranée. Zohir M.