Les ministres du Maghreb se sont engagés, mercredi dernier, à Nouakchott, à mettre en place un centre du Maghreb chargé de surveiller les ressources en eau, ainsi qu'une commission chargée de l'eau et de l'irrigation au Maghreb. Il s'agit de la deuxième rencontre de ce type en deux ans, à laquelle ont participé les ministres en charge des questions de l'eau de Tunisie, de Libye et de Mauritanie. La rencontre s'est penchée sur l'évaluation de la mise en œuvre de recommandations issues de la première session du conseil tenue en avril 2003 à Alger, l'examen de plusieurs rapports relatifs à la politique de l'eau dans la sous-région, les changements climatiques et leurs conséquences sur les ressources hydrauliques, la qualité de l'eau et le suivi des ateliers de désalinisation, l'épuration et le traitement des eaux usées. Par ailleurs, la réunion de Nouakchott a permis l'élaboration d'un plan d'action en matière d'eau et d'irrigation, en adéquation avec les besoins des Etats et des populations. Selon l'agence de presse mauritanienne, les ministres ont discuté "d'un rapport très détaillé sur la politique du Maghreb dans le domaine de l'eau, ainsi que de la terminologie des ressources hydrauliques dans les pays de l'Union, des changements climatiques et de leurs effets sur les ressources hydrauliques". Il faut savoir qu'au Maghreb et au Sahel, l'aridité, associée au manque d'eau, constitue une caractéristique commune . Dans les zones côtières plus humides, au sud, de nombreux bassins fluviaux sont partagés avec des pays sahéliens septentrionaux, situations sources de désaccords transfrontaliers potentiels. Les défis et les aspirations des peuples des nations de l'Union en vue de la construction et du renforcement des capacités de la région du Maghreb exigent des efforts, pour la mise en œuvre des recommandations et décisions préalablement élaborées. C'est dans cette optique que les pays du Maghreb ont engagé une réflexion approfondie afin de parvenir à une coopération productive, dont le seul but est le développement durable des ressources en eau de la région. A titre de rappel, en 1995, la Banque Mondiale avait classé la région du Maghreb comme l'une des régions les plus pauvres du monde en termes de ressources naturelles en eau renouvelables. En Tunisie, au Maroc et en Algérie, ces ressources ne dépassent pas 793 mètres cubes par an et par habitant, contre 7 485 en Afrique subsaharienne, 5 183 en Europe et 3 283 en Asie. Le sommet arabe qui s'est tenu en Algérie en 2005 avait émis une résolution en vue du développement d'un satellite arabe de géo-surveillance. Ses priorités sont l'amélioration de l'exploitation des ressources agricoles naturelles et la recherche de ressources en eau dans la région. Par ailleurs, l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), estime que la région arabe située entre l'océan Atlantique et l'Iran compte parmi celles qui souffrent d'une pénurie en ressources hydrauliques. Il faudra réaliser des investissements pour quelque 40 milliards de dollars au cours des dix prochaines années pour combattre une grave pénurie en eau douce, devenue l'un des principaux obstacles au développement dans certains secteurs stratégiques tels que l'agriculture, le tourisme et les services municipaux. Selon la Banque mondiale, les nations arabes sont susceptibles de dépenser, chaque année, près de un pour cent de leur PIB total pour garantir des ressources en eau suffisantes, en particulier dans les villes, où sont concentrés les grands centres de population.