L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a publié hier de nouvelles prévisions repoussant les risques de choc pétrolier à 2013-2014 au plus tôt. Selon l'AIE, la demande mondiale d'or noir va augmenter de 0,6% par an entre 2008 et 2014. Cette prévision est en nette baisse par rapport à celle publiée en juillet 2008 dans le dernier rapport à moyen terme de l'AIE: l'Agence y prévoyait une croissance annuelle de 1,6% entre 2007 et 2013. La crise économique retardera le choc pétrolier. C'est du moins ce qu'anticipe l'Agence Internationale de l'Energie (AIE) dans son rapport prospectif annuel à moyen terme, publié ce lundi. La demande mondiale en pétrole devrait croître à un rythme inférieur à celui anticipé précédemment. La hausse serait de 0,6% par an entre 2008 et 2014, contre une estimation précédente de 1,6%. La perspective d'augmentation de la capacité de production a été revue à 4 millions de barils par jour d'ici à 2014, contre plus de 5,5 millions anticipés précédemment. Ces chiffres permettront, selon l'AIE, de retarder le choc pétrolier initialement prévu pour 2010. Selon l'AIE, la récession économique devrait pousser la consommation de pétrole à une baisse de 3% en 2009. L'institution explique dans son rapport que "la profonde récession économique qui s'est répandue dans le monde entier l'année passée a fait de sévères dégâts sur la demande de pétrole, qui devrait se contracter à des taux inconnus depuis le début des années 80". Après cette année noire, la demande devrait reprendre sa progression, de 1,4% par an. Si ces prévisions étaient vérifiées, pour l'agence, les risques de "choc pétrolier" n'apparaîtront pas avant 2013/2014. Au contraire, si la croissance économique était moindre, les risques de choc pétrolier seront alors complètement exclus entre 2009 et 2014, estime l'AIE, qui décrit alors un "marché relativement confortable". Après 2009, la demande devrait progresser de 1,4% par an, a estimé l'AIE, qui base ce scénario sur les prévisions de croissance du PIB du Fonds monétaire international (FMI). Le monde devrait ainsi consommer 88,99 millions de barils par jour (mbj) en 2014, contre 85,76 millions en 2008.Les capacités excédentaires de production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (la réserve mobilisable immédiatement pour pallier une crise majeure) resteront en effet supérieures à leur niveau de 2008 sur les cinq années à venir, selon le scénario le plus optimiste en termes de croissance économique (+5% à partir de 2012). A partir de 2013/2014, le marché sera "plus tendu, potentiellement plus volatil", a prévenu l'Agence.En cas de croissance économique moindre (+3% à partir de 2012), les risques de choc pétrolier sont même complètement exclus sur la période 2008-2014, a estimé l'AIE, qui décrit alors un "marché relativement confortable". Cette interprétation de la crise économique est très novatrice, car la plupart des économistes attribuent celle-ci à la détérioration marquée du risque de crédit, notamment dans le secteur immobilier. Si on attribue plutôt la crise au choc pétrolier de 2008, il faut avoir une autre lecture des événements. Selon ce dernier scénario, la baisse de la confiance des ménages et des entreprises, qui a précipité la crise, serait d'abord attribuable au choc pétrolier de 2007-2008. Le marasme dans le secteur de l'automobile, plutôt que dans le secteur immobilier, constituerait le principal moteur de la crise. Qui plus est, la hausse du prix du pétrole aurait déprimé les prix des maisons situées hors des grands centres urbains, ce qui aurait aggravé la débandade des valeurs foncières.Côté production, l'Agence a aussi revu en nette baisse ses prévisions, en raison des reports d'investissement dus à la conjoncture économique morose. L'AIE souligne que si la demande chute, les investissements ont également reculé et elle met en garde contre une chute des approvisionnements en énergie qui aurait de lourdes conséquences sur la reprise économique. "Les reports et retards de projets dans l'amont (exploration et production d'or noir) se sont intensifiés", a souligné l'AIE, relevant que les investissements dans le secteur sont en baisse de 21%. La capacité de production de pétrole devrait ainsi progresser de 4 mbj d'ici à 2014, et non plus de 5,5 mbj comme prévu il y a un an. Le monde produira 93,6 mbj en 2014 contre 89,4 mbj en 2008, a-t-elle indiqué. La production de biocarburants devrait, quant à elle, sensiblement progresser sur la période, après une pause en 2009/2010. Elle passera ainsi de 1,5 mbj en 2008 à 2,2 mbj en 2014, avec une capacité de production qui pourrait potentiellement atteindre 3 mbj. Notons que les prix du pétrole tentaient de franchir la barre des 70 dollars lundi en début d'échanges européens, les tensions géopolitiques le disputant aux inquiétudes sur la consommation. Samira G.