Au sommet du G8 de L'Aquila, du 8 au 10juillet en Italie, la sécurité alimentaire sera une nouvelle fois au menu. Mais ce qui est le plus attendu ce sont les actes concrets. Le cap historique du milliard de personnes souffrant de la faim a été franchi en 2009... soit un sixième de la population mondiale. "Depuis maintenant deux ans les chiffres de la faim explosent tous les six mois, avec des montées en puissance de dizaines de millions de personnes chaque année", explique François Danel, directeur général d'ACF, à la suite de l'annonce de l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). L'an dernier, suite aux émeutes de la faim, ACF appelait à la création d'un Fonds mondial contre la faim et la malnutrition. Ce projet a pris la forme, en juin dernier, d'un Partenariat mondial pour l'agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition. Malheureusement, un an après, aucun moyen de financement n'y a été associé, affaiblissant considérablement la pertinence de cet outil. Dans le même temps, la France - à travers l'AFD - a baissé de 30% ses subventions directes à des projets de coopération internationale. Il y a un an, du 3 au 6 juin 2008, une "conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale" s'était tenue au siège de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à Rome, réunissant quarante-deux chefs d'Etat et de gouvernement. 22 milliards de dollars d'aides avaient été promis. La déclaration finale jugeait"urgent" d'aider les pays en développement et en transition à investir davantage et à développer leur production agricole et alimentaire. Mais seulement 2,5 milliards de dollars (1,8 milliard d'euros) ont effectivement été versés aujourd'hui. Une partie des promesses étaient certes échelonnées sur cinq ans, d'autres sans précisions. Mais beaucoup d'engagements sont restés en suspens, la crise financière prenant le dessus. Il aurait pourtant suffi de moins d'un centième des sommes consacrées aux plans de relance et de sauvetage bancaire... Directeur général de la Fao, Jacques Diouf, estime que 'la confluence du ralentissement économique et du maintien des prix élevés de l'alimentation dans de nombreux pays a poussé près de 100 millions de personnes de plus qu'en 2008 dans la faim chronique et la pauvreté'. Avant d'indiquer que cette crise silencieuse constitue un risque majeur pour le maintien de la sécurité et de la paix dans le monde. 'Nous devons établir un consensus sur l'éradication totale de la faim dans le monde et rapidement prendre les mesures nécessaires', ajoute-t-il. C'est pourquoi, il invite les dirigeants du monde à mener des actions concrètes pour faire reculer la faim dans le monde. 'Nous ne pouvons pas rester indifférents face à l'état de l'insécurité alimentaire mondiale', dit-il. Ainsi, pour lui, les pays les plus pauvres doivent recevoir les outils de politique de développement économique qui leur permettront d'accroître leur production et leur productivité agricole. 'L'investissement dans l'agriculture doit être renforcé dans la plupart des pays pauvres, car un secteur agricole solide est primordial pour enrayer la pauvreté et la faim et pour constituer les bases de la croissance économique', a-t-il souligné. Dalila T.