L'insécurité alimentaire persiste malgré la baisse des prix des denrées alimentaire. Ainsi, selon le dernier rapport de la Banque mondiale en dépit du ralentissement de la hausse mondiale des prix, les stocks de céréales restent bas, et il est prévu que les prix des denrées alimentaires seront, en moyenne, de 10 à 20 % plus élevés jusqu'à 2018 qu'au cours de la période allant de 1997 à 2006. La volatilité des prix des denrées alimentaires, répercutant l'effet de la volatilité des prix des carburants, continue d'être préjudiciable aux agriculteurs des pays où une insécurité alimentaire se fait sentir, qui sont souvent mal équipés pour gérer leurs récoltes face à l'incertitude des marchés. Aussi, à l'échelle de la planète, plus d'un milliard de personnes connaissent la faim au quotidien - un nombre exacerbé par la crise des prix des denrées alimentaires de 2007-08. Dans ce contexte, le Groupe de la Banque mondiale est sur le point de devenir administrateur fiduciaire d'un nouveau fonds destiné à réduire la faim et la pauvreté dans le monde en mettant l'accent sur la sécurité alimentaire et l'agriculture. Les États-Unis, le Canada, l'Espagne, la République de Corée et la Fondation Bill & Melinda Gates fourniront ensemble environ 900 millions de dollars d'aide au " Programme mondial pour l'agriculture et la sécurité alimentaire " (Global Agriculture and Food Security Program, ou GAFSP). La Banque mondiale exercera les fonctions d'administrateur fiduciaire et d'hôte d'une unité de coordination pour le fonds et, le cas échéant, d'entité de supervision. Les origines du nouveau fonds remontent au sommet du G8 de L'Aquila (Italie) en juillet 2009, au cours duquel les dirigeants ont promis plus de 20 milliards de dollars pour stimuler la sécurité alimentaire et l'agriculture. Lors du sommet du G20 à Pittsburgh en septembre 2009, les dirigeants ont invité la Banque mondiale à " travailler avec les donateurs et organisations intéressés pour développer un fonds de fiducie multilatéral destiné à augmenter l'aide agricole aux pays à faible revenu ". Le GAFSP recevra une partie des fonds initialement promis à L'Aquila. L'objectif du fonds et de mettre les pays en développement en position de contrôle afin qu'ils puissent disposer de ressources financières pour stimuler la productivité et la production agricole, et assurer la sécurité alimentaire de leurs peuples. Le GAFSP aura notamment pour objet d'accroître les efforts pour connecter les agriculteurs aux marchés, réduire les risques et la vulnérabilité aux variations de revenu et aux événements météorologiques, améliorer les moyens de subsistance en dehors des fermes pour les habitants des zones rurales et fournir une assistance technique pour aider les gouvernements à surmonter l'insécurité alimentaire. " Alors qu'un sixième de la population mondiale connaît quotidiennement la faim, la crise alimentaire reste très réelle et impose un lourd fardeau économique aux pays en développement, en particulier en Afrique subsaharienne", déclare le président du Groupe de la Banque mondiale, Robert B. Zoellick. " La coopération et la coordination sont vitales pour stimuler la productivité agricole et connecter les agriculteurs aux marchés, étant donné que l'agriculture constitue aujourd'hui le moyen de subsistance principal d'environ 75 % des populations pauvres du monde. " Un objectif essentiel est d'apporter un soutien aux zones rurales des pays pauvres en développement : 75 % des populations pauvres du monde vivent en zone rurale et dépendent en grande partie de l'agriculture pour leur subsistance. Les femmes constitueront également un objectif essentiel, compte tenu de leur rôle important aux champs et de leur rôle vital au sein de leurs familles. Le fonds aura deux composantes majeures : une pour les pays et l'autre visant à augmenter les investissements privés en agriculture, afin de stimuler la sécurité alimentaire. " Ce dont les pauvres ont besoin avant tout, c'est d'un emploi, et l'agriculture constitue le moyen le plus rapide de créer des emplois dans le secteur privé et d'accroître le revenu des gens ", déclare Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale du Groupe de la Banque mondiale. " Ceci est particulièrement vrai pour les femmes et les jeunes filles. Mais pour que cela soit durable, nous devons aussi aider à établir un lien entre les agriculteurs et les chaînes d'approvisionnement mondiales. " La décision d'instaurer le nouveau fonds (avec de l'argent provenant de pays donateurs et de fondations privées) survient à un moment où les foyers des pays affectés par la crise sont confrontés à des choix difficiles. Beaucoup ont réduit leur niveau de consommation alimentaire, ont adopté des denrées alimentaires de qualité inférieure et moins coûteuses, ou ont différé des dépenses essentielles concernant la santé ou l'éducation. Selon l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires, un investissement agricole supplémentaire de 14 milliards de dollars par an sera nécessaire dans les pays en développement pour atteindre l'objectif de développement pour le Millénaire visant à réduire de moitié la pauvreté et la faim d'ici 2015. Pour sa part, le Groupe de la Banque mondiale travaille avec acharnement depuis 2008 pour aider les pays à surmonter le choc initial de la hausse du prix des denrées alimentaires pour les pauvres. En 2008, la Banque a lancé son Programme d'intervention en réponse à la crise alimentaire mondiale (Global Food Crisis Response Program, ou GFRP), qui a réalisé des progrès en matière de protection contre l'insécurité alimentaire dans 37 pays durement touchés. L'investissement du Groupe de la Banque mondiale en agriculture reste également une priorité élevée. L'aide de la Banque au développement agricole et rural a augmenté d'une moyenne de 4,1 milliards de dollars pour les exercices 2006 à 2008 à 7,3 milliards de dollars pour l'exercice 2009. D'un montant de 2 milliards de dollars, le GFRP accéléré de la Banque, qui a également mobilisé 337 millions de dollars de fonds externes, a fourni des semences, des engrais et des outils à presque 6 millions de foyers agricoles pour maintenir leurs cultures pendant la crise, et a apporté un soutien direct en matière de protection sociale ayant trait à l'alimentation, fournissant notamment des repas pour les enfants aux écoles, des programmes de travail rémunéré en argent ou en nourriture, et des additifs nutritionnels pour 1,5 million de personnes, à la fin de l'année dernière. Le soutien du GFRP a atteint rapidement les populations vulnérables ; deux ans après le lancement du programme, de nombreux pays font état d'améliorations.