L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) prévoit une stabilisation de la demande de brut en 2009 suivie d'une légère reprise en 2010, dans son rapport mensuel publié hier à Vienne. "La demande mondiale de brut se stabilise en accord avec l'actuelle situation de l'économie mondiale", a souligné le cartel en notant toutefois que cette demande "devrait reprendre en 2010". "Après deux années consécutives de recul, la demande mondiale devrait afficher l'année prochaine une croissance modérée de 0,5 million de barils par jour (mbj)", écrit l'Opep dans son rapport de juillet. Ainsi la demande mondiale devrait se chiffrer à 84,34 mbj en 2010, soit une hausse de 0,59% par rapport aux prévisions pour l'année en cours. Pour l'année 2009, le cartel table sur un recul de la demande de 1,65 mbj à 83,84 mbj, soit sensiblement la même prévision que dans son précédent rapport mensuel alors qu'il tablait sur une demande de 83,80 mbj. L'Opep note cependant que ses prévisions plus optimistes concernant la reprise de la demande l'an prochain sont basées sur une relance "à un rythme lent" de la croissance de l'économie mondiale avec un raffermissement attendu pour le second semestre. De même la faiblesse de la reprise de la demande de pétrole s'explique, selon le rapport, par une croissance moins forte que par le passé du produit intérieur brut chinois et Pékin mettant dorénavant l'accent sur l'utilisation de sources d'énergie alternatives ainsi que sur des mesures d'économie d'énergie. Et puis, selon l'Opep, on assistera à une utilisation accrue de l'énergie nucléaire, de voitures plus petites et moins gourmandes en carburant, mais le gros de la demande de pétrole viendra toujours du secteur des transports et de l'industrie pétrochimique. Les pays à économie émergente ou en développement seront à nouveau les plus gros demandeurs de pétrole l'année prochaine avec une hausse pronostiquée de 0,8 mbj pour les pays non membres de l'OCDE. La demande de la Chine devrait croître de 0,3 mbj alors que les Etats industrialisés verront encore leur demande reculer de 0,3 mbj l'an prochain. Le recul en 2009 pour ces derniers devrait atteindre les 1,8 mbj. "Mais le rythme de la reprise économique mondiale constituera encore le principal risque pour les prévisions pour l'année prochaine", a insisté le cartel. Du côté des prix, la situation c'est améliorée en juin avec un gain de 11,38 dollars par baril pour le panier des 12 bruts produits par le cartel. En juin ce panier a atteint une moyenne de 68,36 dollars le baril contre 56,98 dollars en mai et 50,89 dollars en juin 2008. Les cours du pétrole rebondissaient légèrement mardi matin, portés par des signes de demande vigoureuse en Asie, ainsi que par des espoirs sur les résultats des banques aux Etats-Unis, mais ces gains restaient plafonnés par l'excédent des stocks américains et l'anémie de la demande à l'ouest. A 10H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août prenait 75 cents à 61,44 dollars, par rapport à la clôture de la veille, sur l'InterContinental Exchange (ICE). A la même heure, le brut léger texan (WTI) gaganait 75 cents à 60,44 dollars sur le New York Mercantile Exchange. L'économie de Singapour a nettement progressé au deuxième trimestre 2009, pour la première fois depuis un an, suggérant une sortie de récession, un indicateur confortant le marché dans l'idée que la demande pétrolière repart en Asie. "Quelques marchés asiatiques, emmenés par la Chine, dominent le marché (du brut)", par contraste avec les marchés de l'ouest, où la demande de produits pétroliers reste anormalement faible, constataient les analystes du cabinet viennois JBC Energy. Le rapport de l'Opep a également indiqué une très légère hausse de la production du cartel en juin de 0,04 mbj à 28,44 millions de barils par jour. Pour 2009, la production des pays non-Opep devrait accroître de 0,23% à 50,62 mbj, soit sensiblement la même prévision que le mois dernier à 50,52 mbj. Pour 2010, les pays non-Opep devraient produire 0,33 mbj de plus pour atteindre 50,96 mbj, selon le rapport. Notons que "la demande physique de pétrole est improbable, et en plus de cela, la demande spéculative pourrait être freinée par la fixation de limites sur les positions (d'investissement), ce qui amène à un scénario de prix très baissier", renchérissent les analystes du courtier PVM, évoquant un baril à 50 dollars "dans un futur proche". Le régulateur des marchés de matières premières aux Etats-Unis travaille actuellement à réguler plus strictement le marché pétrolier, ce qui pourrait freiner les achats. Alors que le niveau massif des stocks pétroliers américains pèse sur les cours, les statistiques hebdomadaires du Département américain de l'énergie (DoE) seront très attendues mercredi. Synthèse S.G.