Le Parlement islandais s'est prononcé jeudi, à une faible majorité, pour l'ouverture de négociations d'adhésion avec l'Union européenne. Une décision consécutive à la crise financière, qui a poussé les autorités de Reykjavik, en quête de stabilité, à regarder vers l'UE. Les élus du Parlement islandais, l'Althingi, se sont prononcés pour l'ouverture de négociations d'adhésion par 33 voix contre 28. Deux parlementaires se sont abstenus. Le Premier ministre islandais, Johanna Sigurdardottir, souhaite soumettre à l'UE la candidature de son pays d'ici la fin du mois. L'entrée de l'Islande dans l'Union devra également être approuvée par les électeurs islandais, qui seront consultés sur la question par référendum. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a réagi à ce vote islandais, en le qualifiant de "signe de la vitalité du projet européen" et "de l'espoir que représente l'Europe". L'esprit d'indépendance des Islandais a été ébranlé l'an dernier lorsque leur secteur bancaire et leur monnaie se sont effondrés à cause de la crise financière internationale. Le désastre a poussé l'Islande à envisager une adhésion à l'UE, voire à l'euro. Mme Sigurdardottir estime qu'une adhésion à l'UE permettrait à l'île de bénéficier d'un taux de change plus stable et de taux d'intérêt plus bas. Mais dans ce pays de seulement 320.000 habitants, qui descendent principalement de colons vikings, beaucoup restent opposés à cette perspective, y compris au sein du Mouvement gauche-vert, membre de la coalition de gauche, arrivée au pouvoir à la faveur de la crise économique. L'Islande fait déjà partie de l'Espace économique européen, qui donne aux Islandais le droit de vivre et de travailler dans l'UE tout en permettant au pays de gérer lui-même sa propre politique monétaire, agricole et de pêche. L'adhésion à l'UE serait préjudiciable à la pêche islandaise, l'un des rares secteurs ayant résisté à la crise financière, et un symbole de fierté nationale. En rejoignant l'UE, l'Islande serait probablement contrainte d'accepter sa politique de pêche et de permettre à d'autres pêcheurs européens d'accéder à ses eaux territoriales. Bjarni Benediktsson, chef du Parti de l'indépendance (opposition de droite), a déclaré devant les députés jeudi que le pays devait protéger ses intérêts. "Il n'y a pas de raison crédible pour lesquelles les Islandais devraient renoncer au plein contrôle de leurs ressources naturelles", a-t-il dit. Jusqu'à récemment, les Islandais étaient peu favorables à des liens plus étroits avec l'UE. Mais la déconfiture de leurs banques l'an dernier et la plongée dans la récession a ébranlé leur confiance dans leur système financier. La devise nationale, la couronne islandaise, s'est également écroulée, tandis que le chômage et l'inflation se sont envolés. Reykjavik a dû négocier des prêts pour un total de 10 milliards de dollars avec le Fonds monétaire international (FMI) et certains pays. Une adhésion à l'euro permettrait à l'Islande d'avoir une monnaie plus solide pour se relancer. La crise a également eu des répercussions politiques, entraînant la chute du gouvernement de coalition dirigé par le Parti de l'Indépendance. Le pays est dirigé désormais par l'Alliance sociale-démocrate de Mme Sigurdadottir et ses alliés du Mouvement gauche-vert, vainqueurs d'élections législatives anticipées en avril.