Comment éviter la faillite de l'Etat de Californie ? Les finances sont désastreuses, et, au soir du 17 juillet, le dix-septième jour de la nouvelle année fiscale 2009-2010, les parlementaires n'ont toujours pas voté de budget. Le gouverneur républicain, Arnold Schwarzenegger, refuse de signer un budget prévoyant un déficit de 26,3 milliards de dollars (18,6 milliards d'euros) et d'enfoncer encore davantage le "Golden State" dans la crise. La Californie n'est pas le seul Etat américain à avoir des problèmes avec son budget de l'année fiscale 2010. Cinq autres Etats sont dans cette situation : l'Arizona, le Connecticut, le Mississippi, la Caroline du Nord et la Pennsylvanie. Parmi eux, le Connecticut et la Caroline du Nord ont opté pour des mesures leur attribuant des fonds temporaires afin de se conformer à la loi fédérale des Etats-Unis, qui veut que le budget de chaque Etat soit impérativement voté au 1er juillet. L'Illinois et l'Ohio, deux Etats qui n'avaient pas non plus voté leur budget au début du mois, sont parvenus à le faire cette semaine. En attendant, le gouvernement californien a dû commencer à appliquer des mesures d'urgence. Des factures sont réglées avec des reconnaissances de dettes en papier, ou "IOUs" ("I owe you" signifie "Je vous dois"), et des vagues de furloughs (congés sans solde) sont prévus pour les fonctionnaires. Le taux de chômage du mois de juin, qui s'établit à 11,6 % (contre 7 % en juin 2008) est supérieur à la moyenne nationale de 9,5 %. Son taux de chômage place la Californie en sixième position derrière le Michigan, le Rhode Island, l'Oregon, la Caroline du Sud et le Nevada. Les agences de notation ont dégradé la note de l'Etat californien, qui se retrouve juste quelques crans au-dessus du statut "junk bond" (référence aux obligations pourries). Pas brillant pour un Etat qui se place pourtant au huitième rang des puissances économiques mondiales. A Sacramento, la capitale, Arnold Schwarzenegger, qui achève son second mandat de gouverneur (il ne pourra pas se représenter en novembre 2010) et qui avait promis d'exterminer les problèmes budgétaires de l'Etat, vit donc sa dernière crise financière, et la pire. Déterminé à se montrer responsable et à équilibrer son dernier budget coûte que coûte, il a tenté de faire adopter par référendum, le 17 mai, une augmentation des impôts, mais les Californiens lui ont répondu : "Non". Aujourd'hui, le gouverneur semble déterminé à négocier âprement pour convaincre les leaders du Congrès, en majorité démocrates, d'accepter des réductions budgétaires drastiques et impopulaires, en particulier dans les domaines de l'éducation, de la protection sociale des enfants les plus démunis, des services sociaux, administratifs et légaux. De nombreux programmes éducatifs ont été annulés faute de crédits. La situation est si préoccupante que sa femme, Maria Shriver, la first lady de Californie, est sortie de sa réserve. Cette démocrate issue de la famille Kennedy, dont le père, Sargent Shriver, est atteint de la maladie d'Alzheimer, a reconnu dans un communiqué que "les économies proposées vont affecter des gens au quotidien", et qu'"aucune de ces réductions ne [la] réjouit". "Cependant, le gouverneur Schwarzenegger est confronté à des décisions difficiles dans une période économique pénible. En dépit de ces réductions annoncées, la first lady continuera d'être le porte-parole des individus qui souffrent de la maladie d'Alzheimer, de leurs familles, et des populations les plus vulnérables", a ajouté le communiqué. Mercredi 15 juillet, les tribunaux du comté de Los Angeles, l'institution judiciaire la plus importante de la nation, ont fermé (comme désormais chaque troisième mercredi du mois), et 93 % de leurs 5 560 employés ont été contraints de prendre une journée de congé sans solde. Ces deux semaines et demie de fermeture annuelle devraient permettre d'économiser 18 millions de dollars, soit 3,3 % du budget. Sur les 588 tribunaux du comté, 45 resteront ouverts pour répondre aux urgences : violences domestiques et crimes. "Ce n'est pas une bonne journée pour le comté de Los Angeles", a déploré le président de la Cour Charles McCoy, poursuivant : "Pour la première fois de notre histoire moderne, nous voilà contraints de fermer nos tribunaux et de compromettre le travail de la justice. Le vieil adage dit vrai : surseoir à la justice, c'est dénier la justice." Jeudi 16 juillet, le conseil d'administration de l'Université de Californie, privé de 813 millions de dollars de fonds publics, a adopté, à l'unanimité moins une voix, un plan de congés sans solde affectant 140 000 professeurs et administrateurs, dont les salaires seront ainsi réduits de 4 % à 10 %. "En augmentant les jours de congés sans solde, on risque de faire grimper le nombre de maisons saisies par les banques, redoute Karen Bass, speaker (présidente) démocrate de l'Assemblée californienne.