Téhéran a estimé samedi que les Etats-Unis n'étaient pas en position d'entreprendre une action militaire contre l'Iran, exhortant Washington et ses alliés à entamer le dialogue. "Nous ne voyons pas que l'Amérique soit en position d'imposer une autre crise à ses contribuables en lançant une nouvelle guerre dans la région", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki. Il répondait ainsi aux propos du vice-président américain Dick Cheney, lequel, actuellement en tournée asiatique, venait de réaffirmer en Australie que "toutes les options sont encore sur la table". Et d'ajouter que "ce serait une grave erreur si une nation comme l'Iran devenait une puissance nucléaire". "Le seul moyen d'atteindre une solution aux querelles, ce sont les négociations et les pourparlers. C'est pourquoi nous voulons que la réunion de Londres prenne une décision courageuse et reprenne les discussions avec l'Iran", a ajouté Mottaki. Les Six (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU plus l'Allemagne) se retrouvent lundi à Londres pour discuter d'éventuelles sanctions supplémentaires contre Téhéran, qui poursuit son programme nucléaire. Il en reste néanmoins que le magazine The New Yorker a rapporté dans sa dernière livraison, le Pentagone a mis sur pied une équipe chargée de planifier une offensive aérienne susceptible d'être menée moins de 24 heures après le feu vert du président George Bush. L'équipe en question a pris ses quartiers il y a quelques mois dans le bureau du chef d'état-major interarmées, poursuit le journaliste Seymour Hersh, auteur de l'article, citant un ancien membre des services de renseignements dont l'identité n'est pas dévoilée. D'abord centrés sur la destruction des installations nucléaires et sur un changement de régime politique, ses travaux se sont récemment orientés vers l'identification de cibles impliquées dans l'aide à la guérilla irakienne, selon un conseiller de l'Armée de l'air et un consultant du Pentagone, dont Hersh tait également les noms. Cette dernière source indique, tout comme l'ancien membre des services de renseignement, que des militaires américains et des unités des forces spéciales engagés en Irak ont déjà pénétré sur le territoire de la République islamique pour y poursuivre des agents iraniens. Interrogé sur le sujet, Bryan Whitman, porte-parole du Pentagone a répété que "les Etats-Unis n'envisage(aie)nt nullement d'entrer en guerre avec l'Iran. "Suggérer le contraire est tout simplement faux, mensonger et malveillant. Les Etats-Unis se sont montrés très clairs en ce qui concerne certaines activités spécifiques du gouvernement iranien. Le président a dit publiquement à plusieurs reprises que ce pays allait coopérer avec ses alliés dans la région pour régler ces questions par des moyens diplomatiques", a-t-il souligné. Le département de la Défense rappelle en outre que des plans portant sur des dizaines de conflits potentiels sont dressés et révisés régulièrement par mesure de sécurité. Toujours selon Seymour Hersh, l'Iran aurait mis au point un missile intercontinental capable d'atteindre l'Europe munis de plusieurs ogives de faible puissance. L'information a selon lui été transmise à Washington par les autorités israéliennes.