George Bush, qui arrive aujourd'hui à Bruxelles, veut rallier l'Union européenne et la Russie à son objectif visant à empêcher par tous les moyens les Iraniens d'acquérir l'arme atomique. Pour le président US, les Iraniens “doivent juste faire ce que le monde libre leur a demandé de faire”. En clair, le régime des mollahs n'a pas d'autres choix que de se soumettre aux injonctions américaines, sous peine de voir Washington recourir à la manière forte pour les empêcher de réaliser leur but. Le ton ferme de George Bush montre clairement qu'il n'hésitera pas à utiliser la force, même s'il affirme que cela reste la dernière option pour un président. “Un président ne peut jamais dire jamais. Mais l'action militaire n'est jamais le premier choix d'un président. La diplomatie est toujours le premier choix du président, en tout cas c'est mon premier choix”, a-t-il dit dans son discours, vendredi dernier, qui valait beaucoup plus par les mises en garde à Téhéran et Damas. En plus clair, le patron de la maison-Blanche laisse pour l'instant l'Europe user de diplomatie avec l'Iran, tout en se gardant d'y prendre part. “Nous avons un but commun : c'est que l'Iran ne doit pas posséder l'arme nucléaire”, a précisé Bush, qui confirme que les deux parties agissent de concert. Au cours de sa présence sur le Vieux continent, il cherchera à rallier l'UE à sa démarche sur la question iranienne. Il veut convaincre ses alliés transatlantiques d'accepter le recours à la force, si jamais l'Iran refuse d'abandonner son programme nucléaire, comme il le pense. Selon lui, “les Iraniens essayent de se défiler. Ils essayent de dire : "Nous ne faisons rien parce que l'Amérique n'est pas impliquée." Eh bien l'Amérique est impliquée et nous continuerons à travailler avec nos amis et alliés”. Ces déclarations ne sont, en fait, que des signes d'impatience vis-à-vis de l'Iran, qui confirment les reproches, à peine voilés, de Condoleezza Rice aux pays européens, — Grande-Bretagne, France et Allemagne —, engagés dans le processus de négociations avec Téhéran, de ne pas faire suffisamment pression sur le régime des mollahs. En effet, Washington insiste pour que le dossier soit transmis au conseil de sécurité des Nations unies, dans le but d'imposer, dès maintenant, des sanctions à l'Iran. Une chose est sûre, le président américain, qui accepte de laisser l'Union européenne aller jusqu'au bout de son entreprise diplomatique, reste déterminé à empêcher l'Iran d'acquérir l'arme atomique par tous les moyens, même s'il faut recourir à “l'option militaire”, comme il l'a laissé entendre dans l'entretien accordé à la chaîne de télévision allemande ARD. La vision de Bush n'est pas partagée par Vladimir Poutine, qui demeure convaincu que Téhéran n'a pas l'intention de fabriquer l'arme atomique. Pis, il annonce que Moscou poursuivra sa coopération avec ce pays, dans tous les domaines, y compris celui du nucléaire civil. La capitale russe, qui constituera une des stations de la visite européenne de Bush, verra certainement des discussions serrées entre les deux présidents sur la question du nucléaire iranien. Les Etats-Unis ont besoin de rallier à leur vision l'Union européenne et la Russie sur ce sujet, car leur position est loin de faire l'unanimité au sein de l'agence internationale de l'énergie atomique, dont le président, Al-Baradeï, désapprouve totalement le principe d'une action militaire contre l'Iran. La tournée européenne de Bush servira beaucoup plus à coordonner les positions des uns et des autres pour dissuader Téhéran d'acquérir l'arme nucléaire. K. A.