Moyens n En dépit des appels de plus en plus nombreux, les Etats-Unis refusent d'ouvrir des négociations bilatérales avec l'Iran. Les Américains font la sourde oreille aux appels leur demandant d'engager des discussions directes avec Téhéran, alors même que les négociations menées par les Européens semblent au point mort, ainsi que les efforts américains d'obtenir une action forte de l'ONU. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a exhorté, hier, vendredi, les Etats-Unis à engager un dialogue direct avec l'Iran pour résoudre la crise sur son programme nucléaire civil, en estimant, pour la première fois publiquement, que les Iraniens ne négocieraient pas sérieusement sur leurs activités d'enrichissement d'uranium tant qu'il n'y aurait pas de dialogue direct entre les deux pays. Téhéran, inquiète de possibles frappes américaines sur son territoire en cas d'impasse diplomatique durable, veut obtenir des garanties de sécurité que seuls les Etats-Unis sont en mesure de lui donner, selon Annan. Washington campe, cependant, sur ses positions arguant le fait que les autorités iraniennes étaient seulement intéressées par un retardement de la résolution du conflit. Les Iraniens «sont engagés dans un processus de négociation qui, selon les apparences, a plus à voir avec un exercice de retardement et d'étouffement, alors qu'ils continuent dans le même temps à essayer d'acquérir l'arme nucléaire», a déclaré le porte-parole du Département d'Etat. Certains responsables européens, notamment les ministres des Affaires étrangères, ont aussi appelé les Américains à s'asseoir à la table des négociations, ainsi que plusieurs personnalités politiques américaines des deux grands partis. Ces derniers ont, d'ailleurs, salué le geste du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, qui a envoyé une lettre au président américain, rompant ainsi 26 ans d'absence de relation officielle entre les deux pays. A cet égard, le porte-parole du département d'Etat américain a déclaré : «Les problèmes que l'Iran a maintenant sont avec le reste du monde, pas seulement entre les Etats-Unis et l'Iran.» Il a souligné qu'il existait des moyens de discuter si l'Iran le souhaitait vraiment. Les Etats-Unis sont représentés à Téhéran par l'ambassade de Suisse, les Iraniens à Washington par l'ambassade du Pakistan, et ils disposent d'une mission de l'ONU à New York. Alors que la volonté de Washington d'imposer des sanctions si Téhéran ne met pas un terme à ses activités d'enrichissement se heurte à l'opposition de la Russie et de la Chine qui siègent au Conseil de sécurité de l'ONU, l'UE-3 est en train de préparer une nouvelle offre à Téhéran. Le chef de la diplomatie iranienne estime, à ce propos, que toute proposition présentée par les Européens à l'Iran doit impérativement reconnaître le droit de ce pays à l'enrichissement nucléaire. l Les informations sur la découverte de traces d'uranium hautement enrichi sur un site nucléaire iranien sont «sans fondement», a déclaré, hier, vendredi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. «Ces déclarations ne se basent pas sur la vérité et ressemblent à des affirmations antérieures, qui avaient été ensuite démenties par l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea)», a-t-il ajouté. Des diplomates occidentaux ont, néanmoins, affirmé que des particules d'uranium hautement enrichi avaient été trouvées dans des prélèvements effectués par les inspecteurs de l'Aiea au centre de recherches de Lavizan, près de Téhéran. Ce centre avait été rasé en 2004 par les autorités iraniennes. «Les inspecteurs ont trouvé des particules d'Uranium hautement enrichi (UHE) mais il n'est pas clair si elles proviennent de centrifugeuses ayant été contaminées ou de quelque chose de nouveau», a indiqué un diplomate proche de l'Agence de sûreté nucléaire de l'ONU. Dans le passé, les inspecteurs de l'Aiea ont découvert des particules d'UHE ainsi que des traces d'Uranium faiblement enrichi (UFE) sur différents sites nucléaires iraniens. Mais l'Iran a toujours affirmé que ces traces provenaient de matériels d'occasion achetés à un réseau de trafiquants pakistanais.