Les enquêtes PMI de juillet pointent vers une stabilisation de l'économie de la zone euro mais les entreprises continuent de réduire leurs effectifs et l'activité s'est contractée plus que prévu dans les services en France. Publié, hier, par Markit, l'indice PMI flash de l'activité dans le secteur des services de la zone euro a atteint 45,6 contre 44,7 en juin, soit son meilleur niveau depuis octobre 2008. L'indicateur reste certes pour le 14e mois consécutif sous la barre des 50 en deçà de laquelle il rend compte d'une contraction de l'activité, mais il se situe au-dessus du consensus des économistes qui était de 45,1. L'indice PMI manufacturier a lui aussi dépassé les attentes en grimpant à 46,0, un plus haut de 11 mois, contre 42,6 en juin et 43,5 prévu par les économistes. "A ce rythme, il ne faudra plus que deux mois pour que l'indice composite témoigne d'un retour à la croissance dans la zone euro," affirme Collin Ellis, économiste chez Daiwa SMBC. Les enquêtes réalisées auprès d'un panel représentatif de 4.500 entreprises montrent toutefois d'inquiétantes divergences entre les deux premières économies de la zone. En Allemagne, l'activité dans les services a connu sa plus faible contraction depuis septembre et le PMI manufacturier a bondi à 45,2 contre 40,9 en juin, sa plus forte hausse jamais enregistrée sur un mois. L'indice Ifo du climat des affaires, publié au même moment, a conforté ces données, faisant monter l'euro à un plus haut du jour face au dollar tandis que les Bourses européennes s'orientaient à la hausse. En France a contrario, l'indice des services a subi un deuxième mois de baisse, et de près de deux points, en reculant à 45,5 contre 47,2 alors que les économistes l'attendaient en légère progression. L'indice manufacturier a en revanche augmenté à 47,9 contre 45,9, se rapprochant des 50. Après une contraction de 2,5% sur les trois premiers mois de l'année, les économistes s'attendent à ce que le produit intérieur brut de la zone euro ait encore baissé de 0,6% au deuxième trimestre mais ils le voient se stabiliser au troisième, avant une croissance symbolique de 0,1% en octobre-décembre. "A ces niveaux, l'indice PMI cadre avec un PIB stable et si on continue d'avoir ces hausses mensuelles on peut espérer un PIB positif au troisième trimestre," estime Mark Wall chez Deutsche Bank. Les entreprises continuent de réduire leurs effectifs à un rythme élevé pour resserrer leurs coûts et rester à flot mais le sous-indice de l'emploi dans les services est néanmoins remonté à 44,9, un plus haut depuis six mois, contre 44,5 en juin. Le taux de chômage dans la zone euro a atteint un pic de dix ans de 9,5% en mai et il devrait s'établir en moyenne à 9,6% cette année avant de monter à 11,2% en 2010. Dans le secteur manufacturier, le sous-indice des nouvelles commandes à l'export a progressé à 48,3 contre 43,7, son meilleur niveau depuis juin 2008. Le ratio nouvelles commandes/stocks a atteint un plus haut depuis janvier 2007, ce qui donne à penser que les entreprises écoulent leurs stocks anciens à un rythme élevé. "Toute augmentation de ce ratio est habituellement suivie par une hausse de la production," observe Markit dans son commentaire. La hausse des indices des services et de l'industrie a permis à l'indice PMI composite de l'activité globale d'atteindre un plus haut en dix mois de 46,8 en juillet, contre 44,6 en juin. Le consensus des économistes était de 45,3. "Ces données font un pas encourageant en direction de la reprise mais elles suggèrent que l'Eurozone est toujours en retrait par rapport aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, où le retour de la croissance semble déjà acquis," observe Chris Williamson, chef économiste à Markit. Autre point inquiétant selon lui, la contraction dans la zone euro n'a ralenti que par le biais de réductions de prix généralisées. "Les entreprises privilégient les ventes aux dépens des bénéfices," conclut-il. R.I