Depuis maintenant quelque temps, l'achat et la location de terres arables par des entreprises et des Etats étrangers est une pratique qui se généralise et qui connaît même une accélération subite, selon Paul Mathieu de la FAO. Ainsi, la Chine , La Corée du Sud, l'Inde et même l'Egypte se livrent à ce genre d'investissements en Afrique, en Amérique Latine, en Russie, etc. Ce phénomène prend une telle ampleur que 20 millions d'hectares de terres agricoles ( la France compte 32 millions d'hectares de surface agricole) sont entre les mains de ceux qui investissent sur des marchés désormais considérés à hauts rendements capitalistiques. Face à la crise financière et à la volatilité des matières premières, l'investissement en surfaces agricoles semble trouver grâce aux yeux de nombreux opérateurs. Ainsi on retrouve sur ce marché des entreprises comme Hyundaï Heavy Industries ou autres Daewoo logisitcs qui possède la moitié des terres agricoles de Madagascar ! Ces pratiques posent bien entendu de nombreuses et graves questions. Certains prétendent que cela permettra aux populations locales de développer la productivité agricole et le développement rural des pays concernés, une sorte de néocolonialisme en quelque sorte. Mais la production agricole escomptée n'alimentera certainement pas les besoins locaux, mais les marchés solvables, d'autant que la grande partie de ces productions sont destinés aux agrocarburants (huile de palme) ou l'alimentation du bétail. L'objectif est bien entendu ailleurs, il s'agit pour des pays qui ont atteint la limite de productivité de leurs propres surfaces agricoles ou de leurs ressources en eau de se servir ailleurs. Il en va de l'agriculture comme de l'énergie, la sécurisation des approvisionnements est un secteur stratégique et autorise toutes les dérives. Au-delà des troubles sociaux que provoquera cette mainmise sur des ressources vitales, menant à la perte de l'accès aux terres par les producteurs locaux, dans quel état retrouverons-nous ces territoires après une exploitation par définition intensive et capitalistique ? Désastre économique et social pour les populations locales, désastre environnemental en perspective, il est urgent de définir un contrôle de ces nouvelles sortes d'investissements, bien souvent opaques et fondamentalement choquantes. Les Etats d'Afrique tentent d'agir. Et il faudra qu'ils agissent le plutôt possible. La 13è session ordinaire de l'assemblée de l'Union africaine à laquelle ont pris part de nombreux chefs d'Etat et de gouvernement à Syrte en Libye a mis en avant l'agriculture comme catalyseur de développement. Le développement de l'Afrique par l'agriculture et les questions liées au changement climatique sont au centre des préoccupations majeures du continent. L'unanimité est partagée par les gouvernements des pays africains sur le thème, Par ailleurs, la crise financière internationale qui sévit depuis un an en occident avec de fortes répercussions en Afrique a pratiquement touché les principaux produits d'exportation des pays africains. Dalila B.