Le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargé de la Communication, Azzedine Mihoubi, a appelé, à Oran, à la création d'un Fonds de soutien au cinéma arabe. "Le financement des productions cinématographiques est désormais un impératif", a affirmé M. Mihoubi dans une allocution à l'ouverture de la conférence "Le cinéma arabe, entre vision classique et vision moderne" organisée dans le cadre du 3e Festival international du film arabe. Le financement des productions cinématographiques arabes s'avère "difficile et contraignant du fait de l'absence de Fonds de soutien au cinéma dans le monde arabe", a-t-il dit, ajoutant que cette situation amène les producteurs arabes à solliciter une partie étrangère pour le financement de leurs films. A cet effet, M. Mihoubi a appelé à la création d'un Fonds de soutien au cinéma arabe pour le financement des productions cinématographiques arabes et autres coproductions, la formation dans tous les domaines cinématographiques technique et artistique. "Ce fonds prendra en charge toutes les questions liées au cinéma arabe", a-t-il précisé. M. Mihoubi a, par ailleurs, évoqué les difficultés que rencontrent les cinéastes arabes en postproduction, soulignant que "la majorité d'entre eux recourent à des laboratoires étrangers pour le montage et le développement". "Cette question est essentielle et mérite débat", estime-t-il. Il a rappelé l'importance de promouvoir les productions locales au plan international afin de garantir, dit-il, "une réelle contribution du cinéma arabe et ne plus se contenter de participation honorifique". Il a d'autre part imputé "la régression que connaît le septième art arabe au peu d'intérêt accordé au roman" invitant les cinéastes à "s'inspirer des œuvres littéraires pour leurs scénarios". Rappelant les chefs-d'œuvre de cinémas algérien et égyptien inspirés d'œuvres littéraires de célèbres auteurs à l'image d'Ihsen Abdelkadous, Neguib Mahfoudh et Abdelhamid Benhaddouga, M. Mihoubi a soutenu que le monde du livre d'aujourd'hui est riche en ouvrages dignes d'être adaptés en œuvres cinématographiques, a-t-il dit. Il a estimé enfin que le cinéma d'aujourd'hui s'est éloigné de l'un de ses objectifs à savoir l'éveil des consciences. Un film sur le martyr Ahmed Zabana en préparation Un film sur la vie du martyr Ahmed Zabana, écrit par le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de la Communication, Azzeddine Mihoubi, et dont la réalisation sera attribuée au cinéaste Saïd Ould Khelifa, est en phase de préparation. "C'est un film qui abordera l'histoire de Zabana et aussi de tous les personnages historiques qui activaient à Oran à la veille de la Révolution du 1er novembre 1954. C'est un film qui nécessite beaucoup de temps, nous sommes pour le moment en phase de préparation", a expliqué le réalisateur Ould Khelifa après l'annonce du projet lors d'une conférence consacrée au 7e art arabe. "Comme il s'agit d'un film d'histoire qui parle du citoyen Zabana, cet homme devenu militant puis premier martyr algérien guillotiné, nous ne voulons négliger aucun détail et nous oeuvrons à le réaliser dans des normes professionnelles", a-t-il ajouté. Ould Khelifa a précisé que des castings seront organisés incessamment dans toutes les régions du pays et commenceront depuis Oran, ajoutant que la phase de préparation, celle qui procède le tournage, prendra au minimum 4 mois. Ahmed Zahana, plus connu sous le nom de Zabana, est né en 1926 dans le quartier d'El-Hamri, à Oran. Il y fit ses études primaires, obtient son certificat d'études et s'inscrit dans un centre de formation professionnelle, où il apprit le métier de soudeur. En 1949, Ahmed Zabana adhérait au Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). Son dynamisme ne tarda pas à attirer sur lui l'attention de la police française qui l'arrêta le 2 mars 1950. Il fut condamné par la justice coloniale à trois ans de prison et trois ans d'interdiction de séjour. Dès sa libération, il reprit ses activités politiques avec autant d'ardeur que par le passé et participa aux préparatifs du déclenchement de la guerre de libération nationale. Dans la nuit du 1er novembre 1954, il organisa avec un groupe de patriotes l'attaque contre le poste des garde-forestiers d'Oran. Le 11 novembre de la même année, à l'issue d'un accrochage meurtrier au cours duquel il fut d'ailleurs blessé, il fut prisonnier et conduit d'abord à l'hôpital, ensuite à la prison d'Oran. Jugé sommairement et condamné à mort, il fut le premier martyr depuis le déclenchement de la guerre de libération nationale à monter sur l'échafaud, le 19 juin 1956, dans l'enceinte de la prison de Barberousse, sur les hauteurs d'Alger. Le réalisateur Ould Khelifa a réalisé de nombreux films, dont "Ombres blanches" (1992), "L'enchaîné" (1995) et "Le thé d'Ania" (2004). Il a remporté plusieurs prix et anime actuellement des ateliers de scénarios et de réalisation. R.T