Azzedine Mihoubi propose la création d'un fonds d'aide à la création cinématographique arabe. Accompagné d'une flopée de critiques de cinéma arabe, Azzedine Mihoubi, secrétaire d'Etat auprès du ministère de la communication, a animé dans la matinée de lundi dernier une conférence portant sur l'avenir du cinéma et ses perspectives, intitulé justement «Le cinéma entre classique et modernité». Azzedine Mihoubi, dont le scénario portant sur le martyr Zabana sera bientôt réalisé par le réalisateur et néanmoins critique de cinéma Saïd Ould Kheilfa (modérateur des débats) a beaucoup insisté sur la nécessité de revenir vers l'adaptations romanesque, citant par exemple des noms de films qui ont eu beaucoup de succès et qui sont des adaptations de romans, à l'instar de Le vent des Aurès. Il a par ailleurs posé la problématique du financement des films arabes dont 80% se font par des étrangers. Il a aussi proposé la création d'un fonds d'aide au cinéma arabe, tout en exhortant les cinéastes à approfondir leurs connaissances techniques et dramaturgiques, à l'image du Maroc, de l'Egypte, de la Syrie etc. Il soulèvera aussi la problématique de la post-production qui pousse les réalisateurs arabes à faire le montage de leurs films dans des laboratoires étrangers. Le cinéma arabe possède des talents en les personne de Lakhdar Hamina, Youssef Chahine..Il faut réfléchir à la distribution de nos films dans le monde. Il évoquera le cinéma iranien et turc. «Le film arabe se doit d'être destiné non seulement aux Arabes mais au monde entier». De son côté l'Egyptienne Majda Wassef proposera une liste de nos fils qui ont fait évoluer le cinéma égyptien, partant de Youssef Nassr Allah qui a marqué le cinéma de Salah Abou Sif à Merzak Allouache et Mohamed Chouikh qui ont apporté une certaine vitalité au cinéma algérien dans les années 1980 puis Rashid Masharawi et Elia Souleiman notamment qui ont apporté un regard neuf sur la cause palestienne y compris dans le traitement du sujet. En effet, pour le Palestinien Azedine Chelh le cinéma palestinien d'aujourd'hui s'est un peu éloigné de sa priorité. Le cinéma palestinien doit servir en premier lieu la cause palestinienne et constituer un facteur de combat et de résistance pour son peuple. Proposant une liste de statistiques, seuls les films L'Attente et Visa pour El Qods de Rashid Masharawi trouveront un répondant positif à ses yeux, eu égard aux films qui reflètent directement la réalité et la souffrance du peuple palestinien. Pour le Jordanien Adnan Madanat, le cinéma moderne se doit d'avoir recours aux techniques les plus modernes pour faire le film le plus parfait qui soit. Or, souvent les cinéastes confondent selon lui entre technicité et contenu. Si le cinéma doit s'inspirer du réel, il se veut aussi, d'après lui, refléter les valeurs et l'identité d'une société. Aussi soulignera-t-il: «Le problème qui se pose est de savoir comment exploiter le son dolby dans une salle si celle-ci n'en possède pas. A quoi sert alors si je fais mon film dans les meilleures conditions techniques?» Et de renchérir: «Quand bien même tout le monde maîtrise la technique, sommes-nous censés faire tous le même film?» Pour le Jordanien le cinéma se doit d'être avant tout novateur, à l'image du cinéma iranien dont le peuple s'identifie grandement. Pour l'Egyptien Kamel Ramzy, les grands films classiques sont indémodables comme Nyab de Mohamed Chabal. «Les films de Chahine je les revois avec plaisir car ils ne meurent jamais avec le temps». La problématique de la faiblesse du scénario est encore une fois jetée sur le tapis. «L'écriture du scénario est une affaire de haute importance.» Pour Mohamed Kamel Ramzy, il ne faut pas jeter l'anathème sur le film commercial car c'est lui qui fait le présent et nourrit «le marché» du cinéma. Pour le Marocain Mustapha Mesnaoui, le cinéma dit «moderne» trouve une certaine réticence de la part du public, pas encore prêt à avaler ce genre d'images, et ceci au regard de son éducation sociale, religieuse et culturelle plus ou moins classique «Ceci constitue la réalité écrasante chez la population arabe», a-t-il déclaré. Et de se demander: «Jusqu'à quand pourrions-nous faire un cinéma nouveau tout en continuant à perpétuer un regard archaïque à travers les feuilletons télé?» Pour lui, le public arabe n'accepte pas encore la modernité au cinéma qui, elle, est, attaché à des codes esthétiques narratives nouvelles. Un peu comme chez notre cinéaste controversé Tariq Teguia. Pour Bechar Ibrahim, la modernité est liée aux moyens technologiques. «Le cinéma de combat en Palestine a été remplacé par le cinéma de contemplation» qui traite indirectement de la cause palestinienne. Le personnage du héros ou personnage principal a disparu. Reste selon lui la vision des chekpoints et le sentiment de douleur cachée. On constate les effets de guerre, qui sont moins montrés.