De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Intervenant à l'inauguration du séminaire sur le «Cinéma arabe entre classicisme et modernité», le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de la communication, Azzeddine Mihoubi, a regretté que, pour des considérations commerciales, producteurs et cinéastes aient emprunté des chemins diamétralement opposés : «Depuis, les films ‘fast-food' ont pris le dessus sur les films créatifs, profonds, qui véhiculent des idées fortes. Pourtant, le cinéma arabe n'est pas tellement éloigné de ce qui se fait dans le reste du monde en termes de scénario et d'exécution artistique». Pour l'orateur, il est temps de revenir aux richesses littéraires qui, adaptées au cinéma, peuvent donner naissance à des films qui resteront pour la postérité, comme c'est le cas pour des films à l'instar de Opium et le Bâton ou du Vent du Sud et bien d'autres encore, réalisés par de grands noms du cinéma arabe «comme le défunt Youcef Chahine dont c'est, aujourd'hui 27 juillet, le premier anniversaire de sa mort» a souligné Mihoubi en louant l'œuvre de ce monument du cinéma. Le ministre d'Etat a également déploré le fait que l'actualité arabe alimente les trois quarts des journaux télévisés dans le monde au lieu de servir à la réalisation de films de qualité : «Le terrorisme, la criminalité, les mariages mixtes… sont autant de sujets à traiter», a-t-il préconisé en incitant les producteurs à lire : «Une nouvelle génération d'écrivains aborde d'excellents sujets que les producteurs seraient bien inspirés d'adapter au cinéma.» Abordant le volet du soutien à la création cinématographique, Azzeddine Mihoubi a reconnu qu'il n'existe aucune caisse de soutien dans le monde arabe, ce qui pousse beaucoup de cinéastes arabes à recourir aux soutiens étrangers : «Ce qui est assez périlleux, cet étranger [l'Occident, ndlr] ne consentant à apporter son aide qu'en contrepartie de l'utilisation du film pour passer son message qui ne répond pas nécessairement.» De même que pour la distribution et la commercialisation de leur production, ces mêmes cinéastes sollicitent des organismes étrangers avec le même risque de «se faire manipuler». Par conséquent, a-t-il affirmé, rejoignant ainsi une ancienne demande des cinéastes, il faut impérativement œuvrer à la création d'une caisse arabe de soutien à la création et réfléchir aux instruments et mécanismes pour la commercialisation des films arabes dans le monde. Enfin, le ministre a appelé les cinéastes à quitter leur «ghetto» arabe pour rejoindre le cinéma universel : «Nous avons de grands noms du cinéma qui doivent désormais émerger au grand jour et aller vers des projets d'envergure mondiale. Comme les cinémas turc et iranien ont réussi à le faire.» Il convient de noter que Ahmed Bedjaoui n'a pas pu prendre part à ce séminaire à cause de ses autres engagements, notamment les préparatifs du Festival du cinéma africain.