Malgré la crise qui secoue l'économie mondiale, la région Maghreb reste attractive aux IDE. En effet, selon l'Organisation des Nations unis pour le commerce et le développement (Cnuced) qui vient de publier son rapport annuel d'"Enquête sur les perspectives mondiales de l'investissement 2009-2011", un rapport qui examine les tendances de l´investissement direct étranger (IDE) aux niveaux mondial et régional, ainsi que de nouvelles mesures visant à améliorer la contribution de l´IDE au développement, les pays en voie de développement seraient moins affectés. Les prévisions des sociétés transnationales indiquent ainsi des flux d'IDE inchangés pour l'Afrique du Nord pour la période 2009-2011. Néanmoins et à l'heure où la crise n'épargne personne, les pays du sud et du nord de la Méditerranée gagneront à agir de concert. Alors que la croissance européenne sera négative en 2009, les industries du Nord ont tout intérêt à s'appuyer sur les avantages comparatifs du Sud pour encaisser le choc, alimentant aussi en retour la croissance de cette région émergente (la Banque mondiale attend une croissance de 3,9% pour les pays MED en 2009). D'autant que l'Europe a confirmé en 2008 sa position de principal émetteur d'IDE vers la région MED (15 milliards d'euros, soit 37% du total des flux annualisés d'IDE vers la région), devant les pays du Golfe, en recul avec 7 milliards d'euros (17% du total 2008). Mais cela n'est pas le cas pour les pays développés, notamment, l'Europe et l'Amérique du Nord. Selon le rapport, les flux mondiaux d'IDE ont été divisés par deux (-54%) au cours du premier trimestre 2009 en comparaison avec la même période de 2008, ce qui confirme la tendance enregistrée pendant le dernier trimestre de 2008. A ce titre, la classification de la Cnuced, en 2009, prévoie à ce que les pays "en développement" sont moins sévèrement touchés (-25%) que les pays développés (-60%) et les économies en transition (-40%). L'étude montre également des disparités notables selon les régions concernées par flux, le rapport fait remarquer que l'Europe et l'Amérique du Nord subiraient de plein fouet la baisse du flux d'IDE, les pays "en voie de développement" seraient moins affectés. Dans cette optique, l'organisation Onusienne, indique par ailleurs que les sociétés transnationales pourraient ajuster leurs stratégies d'investissement pour les prochaines années en préférant des formes d'implication plus légères telles que les licences, franchises, délocalisations, partenariats et autres accords, aux investissements par capitaux propres. En outre, l'enquête sur les perspectives mondiales de l'investissement 2009-2011 complète ces données par une approche prospective et plus qualitative fondée sur des entretiens de cadres dirigeants des plus grandes sociétés transnationales (STN) non financières. Elle met en évidence un net recul des prévisions d'IDE pour 2009, avec des secteurs industriels particulièrement touchés : industrie automobile, métallurgie et industrie chimique. Cependant, les STN semblent plus optimistes à moyen terme : elles prévoient de reprendre leurs projets d'investissement timidement dès 2010, et avec plus d'ampleur en 2011. La crise mondiale a porté un coup aux facteurs qui ont permis une forte croissance du PIB dans les pays les moins avancés (PMA) entre 2002 et 2008, exposant une nouvelle fois au grand jour les faiblesses structurelles de l´économie de ces pays et faisant voler en éclats le mythe de l´autorégulation des marchés. Pour les patrons de la Cnuced, les défauts de l´actuel modèle de développement doivent être corrigés. Un rééquilibrage des rôles respectifs de l´État et du marché est nécessaire pour développer une résilience aux chocs extérieurs par une plus grande diversification et un changement structurel, et promouvoir une trajectoire de croissance à plus forte intensité de main-d´œuvre et plus équitable. Les PMA ont besoin de mettre en place de nouveaux appareils d´État développementistes qui s´appliquent réellement à mettre les ressources administratives et politiques au service du développement économique. Ils doivent trouver de nouvelles formes de gouvernance du développement adaptées au XXIe siècle. A ce titre, l'organisation Onusienne estime que sur le plan macroéconomique les PMA doivent avant tout mobiliser les ressources financières dont ils ont tant besoin. Des investissements publics sont nécessaires pour remédier au déficit d´infrastructure et attirer des fonds privés pour accélérer l´accumulation de capital. Les PMA doivent aussi renforcer leurs institutions financières nationales, sachant le rôle important qu´elles jouent pour l´investissement privé et la mobilisation de l´épargne.