Toute décision prise au niveau de l'exécutif devrait être expliquée avec la place qu'elle occupe dans le programme. Cela devrait être une préoccupation constatée à la fois dans le champ économique et dans le champ politique. Ce n'est pas rien que de diriger le pays et il faudrait même instituer le dialogue, le rendre permanent, et en faire une valeur cardinale, une tradition civilisationnelle. Cela fait longtemps que le dialogue ne pointe plus le nez chez nous, et risque même de disparaître quand on n'y fait pas recours. On a complètement perdu de vue qu'un jour il avait existé. Où se pratiquerait-il quand on sait qu'il a déserté l'enceinte des deux chambres du Parlement pour être porté par la rue sous forme d'émeutes ou de critiques envers le camp du pouvoir. Il est normal que cela soit ce camp qui soit ciblé, et pas celui de l'opposition car que pourra bien faire celle-ci pour satisfaire les frustrations socio économiques des populations avant que celles-ci ne se transforment en frustrations socio-politiques qui rendent la jeunesse radio active. Il y a des partisans du dialogue pour régler la crise, comme il y a des partisans de la crise pour régler la question du dialogue car le dialogue lui-même est en crise. Il y a maints sujets à discorde qui traversent le champ économique et pas de vrais débats pour les accompagner et fournir les éléments de leur explication. Tout se passe comme si deux camps doivent s'ignorer dans un contexte où il faudrait reconnaître ou déplorer que le terrain politique est asséché en matière d'initiatives de dialogue économique. Y aurait-il une crainte que cela mène vers un échec du fait qu'il serait attendu des différents interlocuteurs que chacun récite sa partition sans écouter l'autre, sans se montrer disponible à faire des concessions et parvenir à un compromis ? Tant que tous s'ignorent, de part et d'autre de la ligne de fracture, il n'y aura pas de paix dans le champ économique et cette absence de paix alimentera certainement le désarroi des jeunes au moment où il faudrait récupérer ces derniers.