Le potentiel du marché bancaire islamique est estimé à 4 200 milliards de dollars par le cabinet d'expertise Standard & Poor's et les fonds islamiques pèsent, à ce jour, 500 milliards de dollars, bénéficiant d'une croissance annuelle moyenne de 15%.Selon une autre estimation, les flux financiers hallal atteignent actuellement 840 milliards de dollars. Il existe aujourd'hui environ 345 institutions de finance islamique répertoriées dans quelque 70 pays. Comment expliquer un tel essor. Selon le quotidien français Le Monde, " l'exigence de transparence des transactions, de symétrie de l'information entre les parties, de solidarité et de justice sociale que l'on retrouve dans les grands principes de la finance islamique font écho aux débats actuels sur l'absence de moralité du capitalisme ", et d'ajouter que les fonds islamiques ont prouvé leur résistance en traversant tête haute la tempête subie par la mondialisation financière. Ainsi, le rapport Jouini-Pastré de 2009 estime que " dans des pays comme le Royaume-Uni, les actifs islamiques ont continué de croître malgré la sévérité de la crise des subprimes et malgré le credit crunch qui s'en est suivi ". Cela n'a pas échappé aux ténors de la finance occidentale HSBC, le Crédit Suisse, ABN-AMRO et Deutsche, Bank qui ont créé dès les années 90 des branches dites de " finance islamique ", visant à récupérer dans leurs filets des expatriés pieux & fortunés de Londres, Paris, Amsterdam ou Madrid, ainsi que la haute bourgeoisie des Emirats et du Maghreb. Ce calcul s'est rapidement avéré très rentable. Selon Anouar Hassoune, vice-président, responsable crédit et coordination internationale pour la finance islamique au sein de Moody's, la finance islamique demeure très intermédiée, dominée par les institutions financières : banques et compagnies takaful. Ajoutant par ailleurs que l'un des défis majeurs auxquels est confronté le développement de la finance islamique réside dans l'extension de la place donnée aux fonds islamiques, et au financement lié aux sukuks. Celui-ci indique par ailleurs que le marché des sukuk représentait 85/86 milliards de dollars au milieu de l'année 2007. ce montant est passé à plus de 100 milliards en 2008 avec un taux de croissance en 6 mois de 75%. Quelle est l'importance des sukuk à l'heure actuelle ? Le marché des sukuk est passé de 97 milliards en 2008 à 110 milliards de dollars à ce jour. M. Hassoune indique également que le marché continue de croître mais à un rythme bien moins élevé. Le tarissement de la liquidité a considérablement fait augmenter les primes d'émission. Les conditions de refinancement via l'industrie des sukuks ne sont plus aussi rentables. Et d'ajouter que la taille moyenne des sukuk a considérablement diminué. Il y a plus de sukuk en unité dans le monde, mais les volumes sont moins importants. L'expert considère aussi que le développement de la finance islamique en Europe reste diffus. Au Luxembourg, ont été créés essentiellement des fonds. En Europe du Nord, la finance islamique est quasiment inexistante. En Europe du Sud, on en est à peine au stade de la réflexion. Mais il indique que c'est aux Etats-Unis que la finance islamique a commencé plus tôt, en 1987, avec une banque qui s'appelle Lariba. Il estime néanmoins que si la crise financière a été terrible en soi, elle a plutôt été une bonne chose pour la finance islamique. Elle a permis de mettre en lumière sa résilience. Notons que plusieurs experts en finance considèrent que la montée de la finance islamique n'est pas le fait du hasard, c'est une conséquence directe de la crise financière et économique qui sévit actuellement. Contrairement à la finance conventionnelle, qui est périodiquement frappée par des crises plus ou moins sévères, la finance islamique est maintenant considérée comme un système financier stable capable de promouvoir la croissance et la création d'emplois stables. Elle exclut l'intérêt, la spéculation, le marché secondaire de la dette et se base sur les activités de production et de commerce réelles. Elle est immunisée contre l'expansion de l'usure et la spéculation, qui sont des caractéristiques de la finance conventionnelle et qui ont déstabilisé même les systèmes financiers les plus avancés. Isma B.