L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devrait opter pour un maintien des niveaux actuels de production lors de sa réunion mercredi à Vienne. "Le système de quotas actuel ne devrait pas être modifié", a déclaré cette semaine le ministre angolais du Pétrole José Maria Botelho de Vasconcelos, actuel président de l'Opep.Pour leur part, es pays du Golfe feront pression, lors de la réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) mercredi à Vienne, pour un maintien du niveau de production en raison du redressement des cours du pétrole, estiment des analystes. Mais l'Arabie saoudite, poids lourd du cartel, le Koweït, les Emirats arabes unis et le Qatar -soit environ la moitié de la production de l'Opep- appelleront à un meilleur respect des quotas fixés en décembre pour tenter de réduire la surproduction, selon ces experts. "Leur priorité sera de maintenir le niveau de production. Tous les producteurs sont satisfaits du niveau actuel des cours, ils ne s'attendaient pas à ce que les prix rebondissent aussi vite", estime l'analyste pétrolier koweïtien Kamel al-Harami. Le ministre koweïtien du Pétrole, cheikh Ahmad Abdallah al-Sabah, avait déclaré en août que l'Opep devrait maintenir son niveau de production en raison du niveau satisfaisant des prix. Il avait ajouté qu'il espérait que le prix du baril demeurerait "entre 70 et 80 dollars". C'est aussi l'avis des analystes qui estiment que l'Organisation, ne devrait pas toucher à son objectif de production, fixé à 24,84 millions de barils par jour (mbj) depuis le 1er janvier. "Toute autre décision qu'un maintien des quotas serait une surprise", estiment les analystes du cabinet viennois JBC Energy. Avec des prix du pétrole à 70 dollars le baril, "il n'y a pas de pression ni dans un sens ni dans l'autre", explique Frédéric Lasserre, analyste à la Société Générale. "Les producteurs gagnent bien leur vie" et les consommateurs peuvent supporter un pétrole à ce prix, précise-t-il. Les cours du brut ont plus que doublé depuis le mois de décembre, où ils s'étaient écroulés à 32,40 dollars, et ils évoluent depuis un mois autour de 70 dollars. Autrement dit, ils se situent à une encablure des 75 dollars le baril, le prix que l'Opep juge nécessaire pour continuer à investir. Cependant, d'autres analystes évoquent une possibilité de baisser la production étant donné la hausse du niveau des stocks et la faiblesse de la demande. "Une baisse de production doit être envisagée" car "l'équilibre offre-demande est très faible", estime ainsi David Hirsch, directeur du cabinet d'analyse PFC. Mais une telle décision pourrait peser sur l'économie mondiale qui commence à afficher des signes de reprise. "Au moment où le monde lutte pour sortir de la récession, une hausse des prix de l'énergie serait malvenue, et l'Arabie saoudite en est consciente", explique ainsi John Hall, analyste indépendant à Londres. Par ailleurs, l'organisation devrait plutôt insister sur le respect des baisses de production adoptées l'automne dernier, totalisant 4,2 mbj. Car, voyant les prix monter, les producteurs se sont montrés moins disciplinés et ont pompé plus de brut : en juillet, la production de l'Opep 11 (les membres soumis aux systèmes de quotas, excluant l'Irak), dépassait de 1,28 mbj l'objectif officiel, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Dans son dernier rapport économique publié en août, le groupe bancaire saoudien Samba a estimé que "l'Opep aura une marge réduite pour augmenter la production sans faire pression sur les prix, surtout au cours du premier semestre 2010". "Je crois que les pays du Golfe voudraient voir les autres membres respecter leurs quotas, au lieu de décider d'une baisse de la production. Cela aidera à réduire la surproduction et à maintenir les prix autour des 70 dollars", estime l'économiste koweïtien Hajjaj Boukhdour. L'hiver dernier, l'Opep avait drastiquement réduit sa production de 4,2 mbj pour tenter d'enrayer la dégringolade des cours. Selon l'étude de Samba, le respect des quotas de production s'est établi en juin aux alentours de 72%, l'Iran, l'Angola et le Venezuela étant notamment montrés du doigt pour leur surproduction. Pour la société saoudienne de services financiers Jadwa Investment, l'Opep ne pourra pas augmenter sa production avant 2010. "L'année 2010 verra une reprise de la demande et l'Opep réagira en augmentant sa production", affirme un rapport de Jadwa, qui estime que la production saoudienne passera de 8,1 mbj actuellement à 8,4 mbj l'an prochain. "Les cours du pétrole sont tributaires de l'économie mondiale. Je crois que la production de l'Opep et les cours resteront à leur niveau actuel jusqu'au deuxième trimestre de l'an prochain, à moins de développements exceptionnels", estime M. Harami. Synthèse S.G.