Dominique Strauss-Kahn, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), a fait une pêche miraculeuse ce week-end, à l'occasion de ce G20 des ministres des Finances. L'Union européenne a décidé de relever d'un seul coup de 75 à 125 milliards d'euros (environ 175 milliards de dollars) sa contribution supplémentaire au Fonds. De son côté, l'Inde a annoncé qu'elle s'engageait à souscrire à hauteur de 10 milliards de dollars à l'émission d'obligations que le Fonds va émettre pour élargir ses possibilités de prêts aux pays les plus touchés par la crise. La Russie et le Brésil s'apprêtent eux aussi à participer à cette forme de financement qui constitue une première historique. La Chine avait, quant à elle, dès le mois de juin annoncé qu'elle contribuerait pour 50 milliards à cet emprunt obligataire qui sera émis et libellé non pas en dollars, mais en DTS (droits de tirages spéciaux, un panier de monnaies dans lequel le dollar américain ne compte que pour 41 %). L'empressement avec lequel les pays membres, et actionnaires, du FMI répondent aux demandes faites au G20 de Londres du 2 avril de consolider les ressources du FMI, est d'autant plus notable que le désaccord semble total quant à la réforme de l'organisation elle-même. Il s'agit à la fois de revoir les quotas et les droits de votes, pour lesquels les vieux pays industrialisés gardent la part du lion, et de modifier le nombre de sièges du conseil d'administration, l'organe de décision au jour le jour. Les ministres des Finances en ont discuté, mais sans parvenir au moindre point d'accord. Les Européens totalisent actuellement un peu plus du tiers du capital et des droits de vote, sensiblement plus que le poids de leurs économies dans le PIB mondial. Ils ne sont pas hostiles à une nouvelle répartition, mais ils souhaitent que tous les sujets soient sur la table. Y compris le droit de veto dont disposent les Etats-Unis depuis 1944, leur quote-part s'élevant à un peu plus de 16 %, ce qui leur suffit à bloquer les votes les plus importants où une majorité de 85 % est nécessaire. La difficulté à trouver un compromis sur la réforme a une conséquence inattendue plutôt heureuse ; "Chacun a à cœur de démontrer qu'il a les moyens et le désir de contribuer aux besoins de financement du FMI", observe un diplomate européen. En portant à 175 milliards de dollars sa contribution, sur les 500 milliards de dollars que DSK s'est félicité samedi d'avoir réunis, l'Union européenne ne fait que tenir son rang et ses quotes-parts actuelles ! M.K.