Bélo, c'est son nom d'artiste. Il s'appelle Murat Jean Belony, a 30 ans et vient de Haïti pour la première fois pour un concert proposé par le Centre culturel français d'Alger (CCF). Bélo sera dans les jardins du CCF ce soir à partir de 21h30 pour un concert exceptionnel qui sera donné en plein air et dont profiteront les riverains des étages supérieurs.Artiste complet -puisqu'il est auteur, compositeur et interprète- Bélo semble, à 30 ans, bien parti. Son parcours très cadré et encadré lui a permis de progresser petit à petit, mais avec sûreté dans un univers qu'il côtoie depuis son enfance. " J'ai décidé de faire une carrière dans la musique à l'âge de 11 ans. Trois ans plus tard j'ai formé un groupe, Sokute avec des amis, mais nous y avons renoncé pour nous consacrer à notre scolarité ". La suite de son itinéraire professionnel est tout aussi prudente. Il a travaillé sur son album chez lui, pendant 4 ans, après avoir pris soin de terminer ses études de comptable. Après trois mois en studio, il sort enfin Lakou Trankil en 2005, et la machine s'emballe. Il reçoit de nombreux prix dont le Prix RFI Découvertes en 2006. "A ce moment là, ça a été le vrai déclic. Cette récompense m'a donné une vraie reconnaissance, aussi bien sur le marché international qu'en Haïti. " En effet, le succès aidant, Bélo est en passe de devenir un phénomène international. " La vibration qu'il y a dans ce que je fais, j'ai envie de la partager et de la faire connaître ailleurs, je peux et je dois faire des efforts pour mettre ma musique à la portée de tous, afin que chacun puisse en tirer profit ", dit Bélo. Pour son prochain disque, des titres en anglais et en français sont déjà prévus. Murat Jean Belony, alias BélO, est né et grandi au nord de Port-Au-Prince, la capitale d'Haïti. Dans un pays où la musique est omniprésente - merengue, compas, zouk, et musique carnavalesque rara -, Bélo se montre doué pour le chant dès son plus jeune âge. Très vite, le cœur de Bélo penche pour le reggae. Il apprend d'abord à jouer de la guitare basse, puis choisit la guitare acoustique. Encouragé par ses proches, Bélo multiplie les concerts et se forge une solide expérience scénique. A partir de 1998, Bélo enchaîne les collaborations musicales et remporte différentes distinctions en Haïti. Son premier album "Lakou Tranquil", a dominante reggae, s'avère très largement imprégné de soul music et influencé par la "musique racine" haïtienne. La jeunesse plébiscite ce jeune auteur compositeur et interprète, dont les textes dénoncent les conditions de vie en Haïti et prônent l'unité. En 2008, Bélo sort son second album intitulé Référence. Enregistré en live, cet album multicolore met en exergue les talents de musiciens internationaux dont certains, à l'instar de Richard Bona (basse) ou de Jowee Omicil (saxophone), sont d'origine africaine. Tous sont des références dans le milieu de la musique, qu'ils soient artistes soul, jazzmen ou reggaemen. " Cet album est un mélange de musiques caraïbéennes avec une forte teneur en musique traditionnelle haïtienne, auxquelles s'ajoute du reggae, le tout dans une atmosphère nouvelle, plus jazzy. C'est assez indéfinissable comme genre musical ", convient Bélo. Ce brassage des styles s'explique par une culture personnelle très éclectique et sans cesse renouvelée. " J'ai beaucoup écouté Bob Marley, Tracy Chapman, le jamaïcain Buju Banton, la chanteuse haïtienne Emeline Michel, Richard Bona aussi, et ces artistes ont contribué à former mon univers de référence. Dans le cadre de mes recherches j'écoute Ayo en ce moment, j'enrichis ma musique grâce à ça. " révèle t-il encore. Le spectacle de ce soir, il faut y accourir ! Rachida Couri