Dans une lettre rendue publique vendredi et adressée aux dirigeants du G20, le SG de l'ONU, Ban Ki-moon, leur demande de verser les 1 100 milliards de dollars promis à Londres en avril dernier. Dans cette lettre, M. Ban Ki-moon demande aux dirigeants du G20, qui doivent se réunir à Pittsburg (Etats-Unis) les 24 et 25 septembre, d'étudier les modalités de versement de cette enveloppe, notamment les 50 milliards promis pour soutenir "la protection sociale, renforcer les échanges commerciaux et protéger le développement dans les pays les plus pauvres". Il a aussi réclamé le respect de l'engagement pris d'augmenter de façon notable l'aide publique au développement lors du sommet du G20 de Gleneagles de 2005 qui réunissait le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie, le Japon, la Russie, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l'Union européenne. Le SG de l'ONU a souhaité que l'aide publique au développement atteigne 155 milliards de dollars d'ici à l'année prochaine, dont 65 milliards à l'Afrique. Il a aussi demandé des mesures pour accélérer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), notamment dans les domaines les plus "négligés" tels que l'éducation élémentaire, la santé maternelle, la petite agriculture et les infrastructures de base. Comme il a réclamé un mécanisme de financement équitable des mesures d'adaptation au changement climatique, dont on estime qu'il doit se situer à 250 milliards de dollars par an d'ici 2020. A ce titre, le SG de l'ONU présentera au sommet du G20 le nouveau "Dispositif mondial d'alerte vulnérabilité et impacts (Givas)", qui permettra d'obtenir des données en temps réel sur l'impact de la crise économique sur les pauvres dans le monde.Par ailleurs, le Conseil des droits de l'homme a entamé, vendredi, en présence du Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation, le suivi de ses sessions extraordinaires consacrées à la crise financière et à la crise alimentaire. Olivier De Schutter souligne que cette crise ne doit pas uniquement être considérée comme "un problème d'insuffisance de la production agricole ou de décalage entre l'offre et la demande". Selon l'expert de l'ONU, elle exige de travailler sur des questions telles que l'organisation de la production alimentaire et de la chaîne de distribution, l'instauration de systèmes agricoles davantage résistants au changement climatique, le développement de systèmes de protection sociale solides, ou encore l'amélioration de la protection des droits des travailleurs agricoles sans terre. Le Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation rappelle que plus d'un milliard de personnes souffrent de la faim, alors que les récoltes de ces deux dernières années ont atteint des records. En outre, les prix des produits alimentaires se situent désormais à des niveaux bien inférieurs que ceux de juin 2008, mais dans la majorité des pays en développement, les niveaux des prix restent très élevés. Ceci suffit à montrer que produire davantage de nourriture n'est pas la solution : la question qu'il convient de se poser, c'est celle de savoir qui produit l'alimentation, pour le bénéfice de qui et si le pouvoir d'achat de tous les groupes de population est suffisant pour acheter la nourriture disponible. S'agissant des recommandations contenues dans son rapport, le Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation insiste sur la nécessité de réinvestir dans l'agriculture, en tenant compte de l'impact des choix qui ont été faits dans ce secteur sur la réalisation du droit à l'alimentation. Il insiste, en outre, sur la nécessité de limiter la compétition pour les terres et la spéculation sur les terres. Enfin, les Etats devraient améliorer la gouvernance de la sécurité alimentaire à l'échelle mondiale, a conclu le Rapporteur spécial. "La crise alimentaire à laquelle font face les pays en développement incite la Banque mondiale à doubler les prêts consacrés à l'accroissement de la productivité, et ce dans le but d'accroître les rendements agricoles en Afrique subsaharienne", estiment nombre d'experts.