Dans la perspective de réduire la facture de certains produits, notamment les médicaments, l'Algérie instaure une nouvelle taxe sur les médicaments importés. En effet, le gouvernement prévoit d'appliquer une taxe de 5% sur les bénéfices nets réalisés sur les médicaments achetés à l'étranger. C'est du moins ce qu'a rapporté hier le quotidien électronique " Tout sur l'Algérie ". Cette source d'information précise que " la mesure est contenue dans le projet préliminaire de loi de finances pour 2010 ", dont le quotidien a obtenu une copie. Ce projet de loi devrait être approuvé par l'APN et le Conseil de la Nation dans les prochains mois. La loi de finances doit être signée par le président de la République au plus tard le 31 décembre 2009.Les revenus tirés de cette taxe seront versés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNAS) pour l'aider à mieux prendre en charge financièrement les remboursements médicaux qui ont atteint plus d'un milliard de dollars en 2008, selon le document. A préciser que la sécurité sociale prend en charge plus de 70% de la consommation nationale de médicaments, selon les chiffres officiels. La production nationale de médicaments permet de couvrir 30% des besoins du pays, tandis que les 70% restant sont fournis par le biais des importations, pour un montant annuel de 2 milliards de dollars. Les pouvoirs publics veulent coûte que coûte réduire la facture d'importation, promouvoir la production locale, créer des emplois et assurer un transfert de technologie pour certains produits spécifiques. S'appuyant sur le processus de réforme actuellement en cours, le gouvernement s'applique à améliorer la qualité des services de santé et à promouvoir le secteur pharmaceutique national afin de réduire la dépendance du pays en produits importés. La décision du gouvernement d'interdire l'importation de 359 médicaments courants fait donc de facto de la production en Algérie, en particulier de génériques, un enjeu stratégique qui intéresse notamment des entreprises européennes, brésiliennes ou américaines. Les 40 entreprises du secteur disposent d'unités ne produisant qu'à 30% de leur capacité. Parmi ces entreprises, le groupe de produits pharmaceutiques SAIDAL, n°1 algérien du secteur, va investir 230 millions de dollars d'ici 2015 dans le développement de huit unités de production. A l'instar des autres laboratoires, il cherche des partenaires financiers et technologiques. Malgré toutes ces mesures la facture des importations des médicaments demeure en hausse. Celle-ci s'est chiffrée à 1,85 milliard de dollars en 2008, contre 1,44 milliard de dollars en 2007, en hausse de 27,86%, selon les chiffres du Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis) relevant des Douanes nationales. Les quantités de médicaments importées ont été évaluées à presque 58.000 tonnes en 2008, contre 29.262 tonnes en 2007. Les médicaments ont représenté 28,87 % des importations du groupe " biens de consommation non alimentaires " en 2008, contre 27,7% en 2007. Les plus grosses importations du pays concernent le groupe des médicaments destinés à l'usage humain qui représente 96,7 % des importations globales. La quasi-totalité de ce groupe provient des grandes firmes pharmaceutiques mondiales, notamment des laboratoires français qui viennent en tête de liste, alors que les médicaments génériques, nettement moins chers que le princeps, n'atteignent même pas 9 % du volume des importations. Les produits parapharmaceutiques (pansements adhésifs, gaze, bandes, réactifs…) et les médicaments destinés à la médecine vétérinaire représentent des parts beaucoup moins importantes. Nassima Bensalem