Après ces deux romans, " Années sombres " et " Soustara" édités chez l'ANEP dont le dernier a reçu le prix de la ville d'Alger, Mohamed Boussadi qui s'est mis assez tard à l'écriture vient de sortir "La descente aux enfers", un autre roman publié chez Yamcom, les éditions que patronnent les Feraoun. Sur la couverture de l'ouvrage, une basket du pied droit, un référent qui fait penser à une annonce pub, mais ça n'en est rien : " c'est mon éditeur qui m'a exigé cette couverture pour rendre un peu l'esprit de l'époque des stan smith " dit l'auteur. Rappelez-vous, dans les années 80, ces baskets alors en vogue, que les jeunes d'octobre avaient pillées, arrachées des vitrines des défuntes aswak. Les évènements de ce roman écrits de façon brute, car dépourvu de toute esthétique se situent à cette période. Le thème de cet ouvrage, assez descriptif, est essentiellement centré sur la situation des jeunes qui évoluent dans un milieu pauvre, et qui sont souvent confrontés à des idéologies extrémistes dans lesquelles ils s'embourbent, parce que souvent, les idéologies demeurent les seules soupapes de sécurité contre toutes les injustices. Une histoire banale en somme qui se passe dans Alger des années 80 et que l'auteur restitue de mémoire, sans analyser, le moindre phénomène de façon objective. " Je suis venu à l'écriture par un poème que j'ai écrit pour répondre à une jeune fille qui a tenu des propos méprisants devant moi à l'égard des vieux. Pour lui répondre, j'ai écrit ce poème que j'ai montré à des amis qui m'ont encouragé à écrire. C'est alors venu comme çà " nous dit Mohamed Boussadi qui compte bientôt publier aux mêmes éditions un livre sur le vieil Alger. Un livre dans lequel il raconte cet Alger de son enfance, tout ce que sa mémoire a pu emmagasiner des senteurs, des situations et des odeurs de la vieille capitale, naguère la blanche. Et après ? "Je sens qu'en ce moment je n'ai pas grand chose à dire. Tout ce que je voulais dire, je l'ai écrit dans mes précédents ouvrages" explique Mohamed Boussadi, sexagénaire, retraité de Naftal. Selon lui, l'écriture n'a en rien changé sa vie, sauf que "j'ai eu le privilège de m'asseoir et de dialoguer lors de réunions avec des ministres et autres hauts responsables" confie t-il encore. Et c'est tout ? " Et c'est tout. " Contrairement à d'autres écrivains dont les œuvres peuvent bouleverser leur vie, Mohamed Boussadi est resté malgré la signature de trois romans dans l'ombre. Dans son roman, " La descente aux enfers " l'auteur raconte un récit, mais ne montre pas tout à fait comment " la descente aux enfers " se fait pour son personnage principal, " très algérien " du reste, Nazih, un prénom qui s'apparente à première vue à un qualifiant qui signifie celui qui "regarde en s'amusant." Dès l'incipit du livre, l'auteur nous présente une famille et dit qu'elle est pauvre, mais sans le montrer : " Vivant à la limite de la pauvreté, la famille de Nazih ne consommait de la volaille qu'en de rares occasions, notamment à la vieille de la commémoration de la naissance du prophète : le Mawled Ennabaoui. Un soir, Omar, le chef de famille, profitant de l'occasion inespérée qui s'offrit à lui, se rendit acquéreur d'un superbe coq de basse- cour pour une somme si modique que c'en fut une véritable aubaine" écrit-il à la page 07, dans laquelle l'on ne sent pas l'ambiance de la joie ni de la peine à l'égard de cette famille pauvre à première vue, que l'auteur nous décrit par des phrases assez lourdes et très peu convaincantes. Du reste, l'auteur à travers son ouvrage, nous livre assez d'informations sur l'esprit d'une époque. Yasmine Ben