Au lendemain du référendum sur le traité de Lisbonne, le dépouillement a commencé, hier matin en Irlande, où le "oui" semblait en passe de l'emporter d'après les partis politiques. Les résultats de la consultation nationale devait être annoncés dans la journée au château de Dublin. D'après des sondages officieux à la sortie des urnes réalisés par les deux principaux partis irlandais, le Fianna Fail au pouvoir et le Fine Gael dans l'opposition, le "oui" pourrait cette fois obtenir la majorité, 16 mois après le premier référendum et la victoire du "non" avec 53,4% des suffrages. D'après Fine Gael, qui dit avoir sondé un millier d'électeurs dans 33 bureaux de vote dans tout le pays, 60% des personnes interrogées ont dit avoir voté "oui". L'estimation du Fianna Fail était beaucoup plus serrée à 53% des voix. Aucun institut de sondage professionnel ni média n'a mené de sondages à la sortie des urnes, mais les chiffres annoncés par les partis reflètent les résultats des sondages avant le vote, qui donnaient le "oui" favori. Quelque 3,08 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes, soit un chiffre comparable à la précédente consultation organisée en 2008. Le gouvernement et les principaux partis du pays ont presque tous soutenu le traité. Avant le scrutin, le Premier ministre Brian Cowen avait d'ores et déjà exclu un troisième vote. Si le "non" devait triompher, il signerait la fin du traité de Lisbonne, qui réforme les institutions européennes. Les adversaires du traité craignent que le texte ne permette à l'Union européenne d'imposer des mesures impopulaires à l'Irlande, comme une hausse de la fiscalité, la légalisation de l'avortement ou une hausse de l'immigration. Ils dénoncent également le fait que les Irlandais soient obligés de revoter, après avoir déjà dit "non" l'an dernier. Le traité, rédigé en remplacement de la défunte Constitution européenne, rejetée par les Français et les Néerlandais en 2005, reprend la plupart des dispositions de celle-ci. Il doit ainsi faciliter la prise de décision, avec l'extension du vote à la majorité qualifiée et l'instauration à terme d'un nouveau système de vote à double majorité (55% des Etats membres et 65% de la population). Le traité a déjà été ratifié par les 26 autres Etats membres mais il doit l'être par l'ensemble des Vingt-Sept pour pouvoir entrer en vigueur. L'Irlande est le seul pays à se prononcer par référendum, ses partenaires européens ayant opté pour la voie parlementaire.