Selon le site officiel consacré au référendum, le «non» obtenait 53,5% des voix. Les Irlandais ont dit «non» au traité européen de Lisbonne, selon les premières projections de la radio-télévision publique RTE, tandis que certains ministres concédaient déjà, à mots couverts, la défaite du «oui», qui devrait plonger l'Europe dans une nouvelle crise. «Il semble certain que les électeurs irlandais ont rejeté le traité de Lisbonne», estime la RTE. Le «oui» n'a de chance de l'emporter que dans six des 43 circonscriptions, ajoute l'organisme public. «Il semble que ce soit un non», a confirmé le ministre irlandais de la Justice, Dermot Ahern, lors d'une interview à RTE. «Il est très clair qu'il y a un vote non très important», a-t-il poursuivi. Le «non» s'est imposé dans les six premières circonscriptions dont les résultats officiels ont été publiés en milieu de journée. Selon le site officiel consacré au référendum, le «non» obtenait 53,5% des voix contre 46,5% pour le «oui» après le dépouillement de 15,11% des suffrages. Les chiffres définitifs n'étaient connus en milieu de journée que pour 12 des 43 circonscriptions: dix d'entre elles ont rejeté le traité, parfois à plus de 54%. «D'après ce que j'entends, ça ne se présente pas bien pour le camp du "oui", a déclaré le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Dick Roche, alors que les résultats définitifs sont prévus en fin d'après-midi. Il me semble que le traité a été rejeté», a déclaré Mary Lou McDonald, responsable de la campagne pour le parti nationaliste, Sinn Féin, seule formation parlementaire à voter «non». «Je serais très satisfaite» (en cas de victoire du «non»), a-t-elle ajouté sur RTE. L'homme d'affaires, Declan Ganley, figure des «nonistes», a cependant refusé de crier victoire, qualifiant simplement les premiers chiffres d'«encourageants». «C'est une grande et belle journée pour tout Irlandais et tout Européen. C'est un grand jour pour la démocratie», a-t-il ajouté. «Ce serait la troisième fois que le même message est envoyé par plusieurs millions de citoyens européens à une élite à Bruxelles non élue et qui n'a pas de comptes à rendre», a-t-il poursuivi. Un peu plus de trois millions d'électeurs ont voté jeudi pour cet unique référendum tenu sur le traité de Lisbonne dans un pays européen. Les 26 autres Etats membres de l'Union européenne (UE) ont opté pour une ratification parlementaire, ce que 18 capitales ont déjà fait. S'il est confirmé, le probable rejet du traité par une île comptant 4,2 millions d'habitants, soit moins de 1% des 495 millions d'Européens, ne serait pas sans rappeler le «non» opposé à la Constitution européenne en 2005 par la France et les Pays-Bas, ainsi par les Irlandais en 2001 contre le traité de Nice. Il avait alors fallu organiser un deuxième vote sur l'île pour faire adopter le texte. Mais il n'y aura pas de second référendum cette fois-ci, a assuré le gouvernement. Le traité doit être adopté dans l'ensemble des 27 pays de l'UE pour entrer en vigueur. La France et l'Allemagne réagiront ensemble au résultat du référendum, a déclaré, hier, le président Nicolas Sarkozy. «Nous avons convenu avec la chancelière allemande Angela Merkel que nous ferions une réaction commune», a-t-il dit. Paris doit assurer la présidence tournante de l'UE au 1er juillet et un non de l'Irlande risquerait de remiser au second plan les ambitieux projets européens de M.Sarkozy. Le Premier ministre français, François Fillon, a estimé jeudi soir, qu'il n'y aurait «plus de traité de Lisbonne» en cas de rejet du texte par les Irlandais.