Le Premier ministre chinois Wen Jiabao est arrivé, hier, en Corée du Nord pour une visite très attendue au moment où le régime de Pyongyang pourrait être prêt à reprendre le dialogue sur son programme nucléaire après des mois de blocage. Le chef du gouvernement chinois a été accueilli à l'aéroport de Pyongyang par Kim Jong Il lui-même, signe apparemment que le dirigeant nord-coréen reste aux commandes malgré les rumeurs sur son état de santé. Sur les images de la cérémonie d'accueil fournies par l'agence Associated Press Television News, Kim Jong Il apparaît en costume marron caché derrière ses habituelles lunettes noires. Wen Jiabao, accompagné d'une importante délégation, doit rencontrer les principaux responsables nord-coréens lors de cette visite de trois jours et assister aux célébrations de 60 ans de relations diplomatiques entre Pékin et Pyongyang. La Chine, principal soutien économique et diplomatique de la Corée du Nord, a accueilli les négociations à Six sur le programme nucléaire nord-coréen (Chine, Japon, Russie, Etats-Unis, Corée du Nord, Corée du Sud). Dans le cadre de ces pourparlers, la Corée du Nord s'était engagée en septembre 2005 à démanteler son programme nucléaire en échange d'une aide énergétique et de concessions diplomatiques. Mais les avancées ont été chaotiques et la Corée du Nord a quitté la table des négociations en avril dernier en signe de protestation après les critiques internationales qui avait suivi le tir d'une fusée nord-coréenne. La communauté internationale soupçonnait Pyongyang d'avoir voulu tester sa technologie de missiles à longue portée. Mais le dirigeant nord-coréen aurait exprimé récemment sa volonté d'engager des "entretiens bilatéraux et multilatéraux", sans que l'on sache si cela concernait les négociations à Six. La semaine dernière, l'agence de presse sud-coréenne Yonhap évoquait par ailleurs la possibilité que Kim Jong Il annonce des mesures concrètes de dénucléarisation à l'occasion de la visite du Premier ministre chinois. Le mois dernier, des responsables de l'administration américaine avaient expliqué que Washington et ses principaux alliés asiatiques pensaient que des pourparlers directs entre la Corée du Nord et les Etats-Unis pourraient être la meilleure façon de ramener Pyongyang à la table des négociations. Mais ces responsables ajoutaient que la Chine avait encore du travail à faire pour préparer le terrain avant que le président Barack Obama ne décide d'envoyer à Pyongyang l'émissaire américain Stephen Bosworth.