Sommes-nous dans une situation où les entreprises peuvent ajuster leur production et construire leur stratégie d'action, non pas seulement pour augmenter leurs profits en fonction de l'évaluation des besoins des consommateurs, mais également pour leurs prévisions de développement? D'abord, nous ne sommes pas dans une situation où les entreprises publiques et privées algériennes doivent se soucier beaucoup d'évaluer les besoins des consommateurs, ou plutôt d'évaluer les variations des besoins des consommateurs en vue d'un ajustement de leur stratégie. Sur le marché, il n'y a pas que les consommateurs et les entreprises algériennes. Pratiquement, même durant les années du "socialisme", en dépit du fait que l'économie de marché était loin, très loin même de constituer notre modèle économique, tout était importé, du réveil matin aux moyens de transport en passant par les usines et même des matières qui constituent le petit déjeuner. Nous en sommes pratiquement au même stade. Tout provient de l'étranger. Quand bien même les consommateurs voudraient bien céder par nationalisme aux appels du patronat algérien pour acheter "algérien", que trouveraient-ils sur le terrain ? S'il est vrai que la perception qu'ont les consommateurs de l'évolution de leur pouvoir d'achat dans le sens positif ou dans le sens négatif influe sur les prévisions de consommation, il n'y a pas grand-chose qui se produit dans notre pays, même s'il faut sacrifier le côté qualité/prix. Comment réagissent les consommateurs, en fonction de quelles circonstances et comment s'y adaptent les entreprises ? Là est tout le problème. Quel pouvoir d'achat existerait pour consommer "algérien" et consommer quoi ? Il y a bien sûr pour les consommateurs l'emploi qui reste un des paramètres contribuant à la décision de l'achat. Des emplois qu'on sait précaires n'incitent pas trop à prendre des risques, plus particulièrement dans l'accès aux crédits d'investissements dont on dit qu'ils restent disponibles. La question pourrait se poser de savoir pourquoi nos entreprises ne semblent pas trop s'intéresser à la prise en compte des besoins en qualité des consommateurs ? Le problème bien évidemment réside dans le fait que ce n'est pas la production nationale qui peut rivaliser avec les importateurs, mais ce sont les importateurs qui voient augmenter leurs commandes, et donc les fournisseurs étrangers. Il y a des discours qui ne passent pas quels que soient les efforts déployés pour y parvenir.Lorsqu'on tente de convaincre les populations qu'il est grand temps qu'elles renoncent à l'exigence d'un Etat providence qui leur procurait le sentiment de confort et de sécurité, qu'elles doivent accepter que le niveau des barrières de protection sociale soit abaissé, alors que les conditions ne sont pas encore prêtes pour que les entreprises deviennent performantes et fournissent aux travailleurs un coussin amortisseur pour les frustrations socioéconomiques, il est évident qu'un tel discours ne passe pas encore et ne soit pas reçu sous l'angle de sa validation. N.B