Par B. Chellali Si la cohésion nationale s'est vu renforcer à travers tout le territoire national, et qui avait vu une parfaite communion du peuple avec son président, avec la conviction que Bouteflika avait fait exactement ce que les populations attendaient de lui, la voie devrait être ouverte vers l'éveil du sentiment " patriotique " par l'encouragement à la consommation des "produits made in Algéria", ce qu'il faudrait en convenir, s'avérerait difficile à réaliser. Il n'est pas facile de passer d'une époque où le travail était un droit à une époque où il est une chance assez rare, d'une époque où c'était à l'Etat que revenait l'obligation de fournir un emploi, à une époque où c'est à l'entrepreneur public ou privé de recruter sans que l'obligation ne lui soit signifiée, d'une époque où le recrutement était suivi d'un plan de carrière à une époque de sa précarité. Les entreprises algériennes, publiques ou privées, sont-elles dans la situation où elles peuvent ajuster leur production et construire leur stratégie d'action non pas seulement pour augmenter leurs profits en fonction de l'évaluation des besoins des consommateurs, mais également pour leurs prévisions de développement et pour celles de l'emploi. Sur le marché, il n'y a pas que les consommateurs et les entreprises algériennes. Pratiquement, même durant les années du " socialisme ", en dépit du fait que l'économie de marché était loin, très loin même de constituer notre modèle économique, tout était importé. Qu'y a-t-il de " changé " pour le moment, quand on voit que sur le marché construit depuis l'entrée dans le libéralisme, sans tout à fait la sortie du " socialisme ", le produit algérien fait défaut. Et pourtant, nous ne sommes pas dans une situation où les entreprises publiques et privées algériennes doivent se soucier beaucoup pour évaluer les besoins des consommateurs, car elles savent que dans l'immédiat, elles ne peuvent pas assurer leur présence active sur le plan de la qualité et des prix, et ceci, tant que les consommateurs sont placés devant un libre achat. Normalement, c'est la perception qu'ont les consommateurs de l'évolution de leur pouvoir d'achat qui devrait être en mesure d'influer sur les prévisions de commande des entreprises et donc sur leur plan de charge. Quand bien même qu'il n'y ait pas tellement d'associations encouragées à prendre en charge la protection des consommateurs, et qui agiraient dans la transparence en y associant les médias et les populations, les consommateurs ne réagissent pas pour défendre les produits nationaux et préfèrent orienter leurs décisions d'achats vers les produits étrangers. Il y a bien sûr pour les consommateurs l'emploi qui reste un des paramètres contribuant à la décision de l'achat. Des emplois, qu'on sait précaires, n'incitent pas trop à prendre des risques. D'ailleurs, à partir du moment où les "crédits consommation " ont disparu, la tendance devrait aller à l'épargne. Lorsqu'on tente de convaincre les populations qu'il est grand temps qu'elles renoncent à l'exigence d'un Etat providence qui leur procurait le sentiment de confort et de sécurité, , qu'elles doivent accepter que soit abaissé le niveau des barrières de protection sociale, alors que les conditions ne sont pas encore prêtes pour que les entreprises deviennent performantes et fournissent aux travailleurs un coussin amortisseur pour les frustrations socioéconomiques, de tels discours sont " des coups d'épée dans l'eau".