Un rapport du Fonds monétaire international (FMI) note que même si les pays du Moyen- Orient et de l'Afrique du Nord ont été touchés par la crise économique mondiale, il s'avère qu'ils résistent mieux que le reste du monde. LES PAYS exportateurs de pétrole de la région MOANAP (Algérie, Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Iran, Iraq, Koweït, Libye, Oman, Qatar, Soudan et Yémen) ont été frappés de plein fouet par la crise financière mondiale, qui s'est propagée jusqu'à eux via la chute des prix du pétrole et le tarissement soudain des entrées de capitaux. La baisse de la production pétrolière s'est traduite par un repli de 3,5 % du PIB pétrolier mais le PIB non pétrolier a continué d'augmenter, quoiqu'à un rythme plus modéré (3,2 %). En 2010, le taux d'accroissement de ces deux PIB devrait revenir aux alentours de 4%. S'appuyant sur les réserves abondantes constituées avant la crise, les pouvoirs publics ont riposté en mettant en place des politiques de relance budgétaire et en injectant des liquidités dans leur secteur financier, ce qui a contribué à limiter les effets du ralentissement ambiant sur leurs économies. Durant la crise, ces mesures ont également aidé à maintenir des niveaux d'importation relativement élevés qui, à leur tour, ont amorti l'impact de la récession mondiale. Pour conduire ces politiques, les pays exportateurs de pétrole ont puisé plus ou moins abondamment dans leurs réserves disponibles, avec pour conséquence un recul de leur excédent courant de près de 350 milliards de dollars. La remontée des cours et le rebond prévu de la demande mondiale devraient stimuler les recettes pétrolières et permettre aux pays exportateurs d'augmenter leurs réserves internationales de plus de 100 milliards de dollars d'ici 2010 et, partant, de maintenir leurs dépenses publiques. Bien que la plupart des banques de la région n'aient pas été exposées aux actifs toxiques, elles ont assisté à l'effondrement des marchés d'actifs nationaux et au reflux des capitaux étrangers. Néanmoins, la réaction rapide et vigoureuse des pouvoirs publics a permis de limiter la casse. Par la suite, il sera crucial de continuer à renforcer la réglementation et le contrôle financiers, qui ont déjà été institués dans certains pays. À moyen terme, le développement des marchés financiers, y compris leur diversification hors de la sphère bancaire, demeurera une priorité, tout comme les efforts visant à améliorer le climat des affaires pour soutenir la diversification économique et créer des emplois. Pour les pays importateurs de pétrole de la région MOANAP (Afghanistan, Djibouti, Egypte, Jordanie, Liban, Mauritanie, Maroc, Pakistan, Syrie et Tunisie), le ralentissement a été moins marqué que dans nombre d'autres marchés émergents, grâce à une intégration plus limitée aux marchés financiers mondiaux et aux retombées positives de la situation des exportateurs de pétrole régionaux. Le principal vecteur de propagation du ralentissement mondial a été la diminution des recettes en provenance de l'étranger. Même si la portée en était plus limitée, certains pays ont également riposté à la crise par des politiques anticycliques appropriées. Leur croissance devrait descendre à 3,6 % en 2009, contre 5,0 % en 2008, et stagner en 2010, principalement en raison de la lenteur de la reprise dans les économies avancées figurant parmi leurs partenaires commerciaux et des possibilités limitées d'engager de nouvelles politiques anticycliques. En 2010, il est prévu que la croissance dans les secteurs pétrolier et non pétrolier se situe entre 4,4 et 3,9 % dans la région prise dans son ensemble. Afin de permettre à ces pays de développer leur potentiel économique, les dépenses publiques en matière d'infrastructures et de développement social devraient continuer à constituer l'élément clé de la politique économique. A l'avenir, les gouvernements devront entamer la conception de stratégies destinées à démanteler les mécanismes d'accès exceptionnel à la liquidité mis en place pour atténuer les effets de la crise. En 2010, la politique budgétaire devra continuer là où c'est possible, à soutenir la croissance et à donner la priorité à la protection sociale. Les importateurs d'énergie auront besoin d'une nouvelle aide concessionnelle de la part des bailleurs de fonds pour que leur endettement n'atteigne pas des niveaux insupportables. Pour leur part, les exportateurs d'énergie devraient affecter une partie du produit de la hausse anticipée des revenus provenant de l'augmentation des prix de l'énergie aux réformes structurelles. Synthèse Nassima B.