Les nouvelles mesures de la loi de finances complémentaire pour 2009 relatives au commerce extérieur commencent déjà à avoir un impact négatif, notamment le recours obligatoire au crédit documentaire (Credoc). Certes, les mesures prises par le gouvernement algérien en matière d'investissements étrangers en juillet ont freiné l'implantation de certains investisseurs maghrébins dans le pays. Et ce sont surtout les Tunisiens qui manifestent leur colère contre ces nouvelles dispositions. Plusieurs grandes entreprises tunisiennes, pour la plupart cotées en Bourse, ont, en effet, vu leurs projets industriels et banquiers compromis à la suite de ces mesures. A titre d'exemple Gif Filter, fabricant tunisien de filtres pour véhicules, était la première entreprise à avoir ouvert le bal en annonçant, il y a quelques semaines, l'arrêt de ses projets d'investissement en Algérie. Le groupe tunisien, leader dans son secteur en Tunisie, grand exportateur vers l'Europe et les pays du Maghreb a, en effet, décidé de suspendre l'exécution d'un projet d'usine de production de filtres dits de «nouvelle génération», pour un investissement estimé à plus de 10 millions de dinars tunisiens: «Nous étions prêts pour engager les formalités en Algérie, mais les éléments nouveaux intervenus dans la législation algérienne ne permettent pas d'assurer la sécurité suffisante des investissements que nos actionnaires sont en droit d'exiger de nous. C'est pourquoi nous avons décidé de surseoir à ce projet en attendant de voir si de nouveaux éléments interviendront en 2010», a indiqué Heykel Jerbi, administrateur et DG adjoint de la firme lors d'un point de presse. Les responsables du groupe déplorent surtout le fait que ces nouvelles mesures n'impliquent pas la notion de «préférence régionale» pour favoriser le partenariat algéro-tunisien promis par le chef de l'Etat algérien. Dans le monde de la finance, ce sont la Banque internationale arabe de Tunisie (BIAT) et Amen Bank qui ont, elles aussi, renoncé à ouvrir des filiales en Algérie, dans le cadre de leur développement à l'échelle maghrébine. Selon les responsables de ces deux banques, le capital exigé par l'Algérie a été «multiplié» par quatre, pour atteindre 100 millions d'euros, montant qui dépasse de loin le capital de leur siège social à Tunis. De plus, il est trop important pour pouvoir être rentabilisé. Le groupe financier Amen Bank s'apprête, cependant, à s'adapter avant fin 2009 aux nouvelles règles concernant les établissements financiers en recapitalisant sa filiale Maghreb Leasing Algérie, très présente au niveau des services aux PME algériennes. Ce désappointement n'est, pourtant, pas général. Puisque d'autres entreprises tunisiennes implantées en Algérie ont pu s'adapter aux nouvelles mesures, et pensent qu'il ne faut pas insulter l'avenir. C'est le cas de Tunisie Profilés Aluminium (TPR), qui a misé gros (25 millions de DT) pour l'implantation d'une usine à Aïn Defla qui a «échappé de justesse» à la règle des 49%-51%. On citera aussi le cas du groupe Altea Packaging, qui construit une usine d'emballage dans la région de Constantine, non loin de la frontière tunisienne, dont le coût d'investissement est à hauteur de 19 millions de DT. Nassim I