L'Afrique reçoit chaque année près de 40 milliards de dollars de fonds en provenance du monde entier, transférés par ses migrants. Un récent rapport du fonds international de développement, agricole, publié récemment, estime toutefois que ces montants pourraient être nettement supérieurs si certains obstacles venaient à être levés. Le principal concerne le coût élevé des transferts facturés par les sociétés de transfert. Les plus importantes sont western union et Money Gram. Selon le rapport, elles contrôlent près de 65% des points de paiement où les envois de fonds sont encaissés. Ce qui est énorme. Mais le plus grave est qu'elles imposent des coûts de transfert très élevés. Dans certains pays d'Afrique, les montants des commissions peuvent atteindre jusqu'à 25% du montant transféré. Conscients des obstacles, la plupart des Etats africains imposent des restrictions sur le genre d'institutions qui peuvent offrir des services d'envois de fonds et pénalisent les institutions de microfinance qui sont plus présentes sur le territoire national que les banques. Les banques ne contrôleraient en tout que 10% des transferts. Le reste se partage entre les deux grandes institutions. C'est la grosse problématique de la bancarisation de la population rurale à laquelle ont commencé à s'attaquer les établissements bancaires ces dernières semaines grâce au lancement d'offres spécifiques. Mais il sera difficile de concurrencer la banque postale dont le lancement est programmé au plus tard début 2010. Celle-ci dispose déjà de 900 agences de Barid Al Maghrib pour la plupart situées en milieu rural. Dans l'ensemble des pays africains, trente à quarante pour cent de tous les envois de fonds sont destinés aux zones rurales où les destinataires doivent souvent faire de longs trajets pour encaisser leur argent. Le Rapport du FIDA met en évidence comment de nouvelles technologies comme des téléphones portables et l'infrastructure existante, particulièrement les bureaux de poste ou les petits points de vente pourraient énormément augmenter la portée de services de transfert de fonds. L'Algérie, où 95 pour cent de transfert sont payés par les bureaux de poste, pourrait être un modèle pour d'autres pays africains. Notons que de nombreux établissements financiers étrangers, notamment européens, s'intéressent de très près à l'épargne des migrants originaires d'Afrique. Ainsi, dans le cadre du projet de création d'un instrument de financement de projets de développement en Méditerranée, dix établissements financiers, rejoints par la Banque africaine de développement (BAD), se sont constitués en comité présidé par la Caisse d'épargne française, lequel prévoit de mettre en place un mécanisme visant à faciliter les transferts d'argent des migrants de leurs pays d'accueil vers leurs pays d'origine. Cette offre vise 3,5 millions de personnes (dont 2,5 millions en France) et porte sur un flux de transferts estimé à 10 milliards d'euros. Concrètement, une nouvelle plateforme permettra aux migrants, désirant transférer de l'argent d'un pays à un autre, de bénéficier de l'ensemble des réseaux des banques participantes, soit environ 34.000 points de contact. Par ailleurs, la banque française Société générale consolide un réseau susceptible de canaliser les transferts et les investissements immobiliers des migrants dans leurs pays d'origine. Isma B.