En l'espace de 24 heures, le gaz algérien a effectué une percée considérable sur le marché européen. Après les cinq nouveaux accords de vente de gaz naturel conclus avec cinq sociétés italiennes pour un volume total de 6 milliards de m3/an, signés à l'occasion de la visite à Alger du président du Conseil des ministres de la République italienne, M. Romano Prodi, la visite officielle de deux jours du ministre des Affaires étrangères de la République fédérale d'Allemagne, M. Frank-Walter Steinmeier s'est soldée, pour sa part, par la signature d'un mémorandum d'entente portant sur la coopération énergétique, notamment dans le domaine du gaz naturel liquéfié (GNL) entre la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach et la filiale gazière du groupe énergétique allemand Eon Rhurgaz. Ce mémorandum a été signé lors d'une rencontre entre le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, et le ministre des Affaires étrangères allemand, M. Frank Walter Steinmeier, en présence de leurs délégations respectives. Lors de sa visite, le chef de la diplomatie allemande était accompagné d'une délégation comprenant plusieurs responsables de grandes entreprises allemandes du secteur énergétique. A l'issue de ses entretiens avec le ministre allemand des Affaires étrangères, M. Chakib Khelil a estimé que les relations algéro-allemandes dans le domaine de l'énergie sont "très bonnes". Ces entretiens, élargis aux membres des deux délégations composées notamment des responsables des entreprises du secteur, ont porté sur l'évaluation de cette "très bonne" coopération et les possibilités de son renforcement, a ajouté le ministre dans une déclaration à la presse. Après donc les Espagnols, avec lesquelles des contrats de vente ont été conclus, dans le cadre du projet Medgaz, les Italiens dont les ambitions d'accélérer le Galsi sont clairement affichées et les Français qui ne désespèrent pas de voir le volume de leurs importation de gaz algérien augmenter, c'est au tour des Allemands de s'intéresser de près au gaz algérien. Il convient de souligner que les tensions croissantes sur le marché mondial de l'énergie poussent les Européens à s'interroger sur la sécurisation des approvisionnements européens. A cet égard, comme le soulignent de nombreux analystes, la dépendance à l'égard du gaz russe pèse lourd dans les rapports diplomatiques entre l'UE et son grand voisin oriental. Dans ce contexte, la nouvelle politique européenne de l'énergie, adoptée en mars dernier par le Conseil européen, reconnaît à l'Algérie "un rôle stratégique croissant" notamment en matière de gaz naturel liquéfié (GNL), une des priorités de la politique énergétique européenne. D'ailleurs, les deux parties ont annoncé la signature d'un important accord à l'issue du Conseil de partenariat tenu en mai dernier. Assurant 30% des besoins européens en gaz naturel, l'Algérie est en passe de devenir le second plus grand fournisseur de l'Europe, après la Russie. L'Algérie exporte, à l'heure actuelle, quelque 62 milliards de m3 de gaz par an, à travers les deux gazoducs la reliant à l'Italie et à l'Espagne ainsi que par méthaniers sous la forme liquéfié. Un volume en voie d'augmentation avec le doublement des gazoducs desservant l'Espagne et l'Italie, et des plates-formes de Zeebrugge et Rotterdam, qui traitent une grande part des exportations gazières vers l'Europe.