L'Algérie se trouve présentement sur une passerelle, celle de la transition économique, à laquelle, au fur et mesure qu'elle se déroule, s'impliquent les opérateurs économiques, plus particulièrement ceux qui sont membres du Forum des chefs d'entreprise qui veulent faire de cette transition une transaction, c'est-à-dire le produit dune concertation la plus élargie possible. L'Algérie a assez avancé sur cette passerelle, se mettant ainsi dans l'obligation de continuer à avancer, car, compte tenu de l'évolution du monde, et surtout de l'adoption "de gré ou de force" du modèle libéraliste de l'économie mondiale, le retour à l'ancienne voie du socialisme est interdit. Et pourtant, il y a des populations qui en sont nostalgiques et qui s'estimaient plus protégées socialement que maintenant. Il y en a même qui pensent que l'entrée du pays dans l'économie de marché a produit des facteurs de création et d'aggravation de nouvelles crises. Que faudrait il attendre des jeunes qui ne trouvent pas d'emplois alors que leurs besoins sont immenses ? On a perdu le secteur public qui donnait beaucoup d'espoir et on a récupéré un secteur privé qui a beaucoup de volonté mais qui ne peut compenser le recul de celui-ci. Fatalement, c'est le secteur privé qui est appelé à être progressivement dominant dans le secteur de la concurrence, ou plutôt dans les secteurs qui ne sont pas de caractère stratégique, c'est à dire ceux qui seront ouverts à la concurrence et donc aux privatisations. Par comparaison avec les pays industriels, et là où il n'est pas dans les normes du libéralisme que l'Etat se laisse aller à gérer directement les entreprises, à les posséder, l'Algérie semble vouloir emprunter le même chemin. Une question se pose inévitablement. Combien d'années ou de décennies faudrait il à l'Algérie pour qu'elle se trouve une place honorable dans le système international ? Le secrétaire général de l'UGTA disait fort à propos : "Mieux vaut une entreprise privatisée qu'une entreprise dissoute", ce qui est d'autant bien vu sous l'angle du social, sachant que les entrepreneurs qui accèdent à l'achat du capital de l'entreprise publique sont obligés, comme préalable, à s'engager à conserver, au moins pour une durée de cinq ans, la totalité des effectifs. Mais, depuis plus particulièrement l'entrée dans une économie de marché, qui n'a pas encore du tout fonctionné en notre faveur, ne pouvant pas financer le développement à la place des dépenses publiques, à chaque rentrée sociale, ceux qui pensent pouvoir lire l'avenir avec certitude pronostiquent une rentrée des plus difficiles, c'est-à-dire une explosion sociale. Bien évidemment, ceux qui sont au pouvoir ne voient pas les choses de la même manière. Chaque été, les mêmes conjurent cette explosion. Elle avait été annoncée pour la rentrée sociale. Elle est à nouveau annoncée pour la nouvelle année. N.B