ILARRIVE à des personnalités partisanes d'approcher les privatisations sous l'angle idéologique et non pas sous celui de l'efficacité économique, dans ce contexte durable où l'économie mondiale va dans ce sens et où les systèmes économiques de tous les pays vont tendre à s'uniformiser pour rendre homogènes les relations d'échange dans le cadre international. L'Algérie se trouve présentement sur une passerelle, celle de la transition économique à laquelle, au fur et mesure qu'elle se déroule, s'impliquent les opérateurs économiques, plus particulièrement ceux qui sont membres du Forum des chefs d'entreprise, qui veulent faire de cette transition une transaction, c'est-à-dire le produit d'une concertation la plus élargie possible. L'Algérie a assez avancé sur cette passerelle, se mettant ainsi dans l'obligation de continuer à avancer, le retour étant interdit, ou plutôt impossible. Fatalement, le secteur privé est appelé à être progressivement dominant dans le secteur de la concurrence, ou plutôt dans les secteurs qui ne sont pas de caractère stratégique, c'est-à-dire ceux qui seront ouverts à la concurrence et donc aux privatisations. Il n'est pas dans les normes du libéralisme que l'Etat se laisse aller à gérer directement les entreprises, à les posséder dans un contexte où la libéralisation impose un certain désengagement de l'Etat pour lui voir jouer le rôle de garant. La constitution élaborée sous la présidence de Zeroual légalise les privatisations et en confie même au Parlement, donc aux représentants du peuple de définir les règles de transfert de propriété du secteur public au secteur privé. N'est-ce pas une formulation du concept de privatisation sans citer celui-ci ? Alors, on peut soutenir que les réformes économiques, dès leur naissance, intégraient la mise en oeuvre du processus de privatisation et donc que les privatisations envisagées maintenant sont le résultat d'une continuité des grandes politiques de l'Etat. D'ailleurs, un des grands signes du respect des principes de la démocratisation réside dans le constat que les alternances ne mettent pas en péril la continuité des grandes politique de l'Etat. Sinon, quelle confiance que pourraient réellement accorder à l'Etat des investisseurs intéressés par notre économie et quelle démocratie lorsqu'une alternance introduit la politique de remise en cause des engagements internationaux et même nationaux, ce qui signifierait la mise en oeuvre de la politique de la terre brûlée à l'encontre de tout ce qui aurait été fait précédemment. Le secrétaire général de l'UGTA disait fort à propos : "mieux vaut une entreprise privatisée qu'une entreprise dissoute". Ce qui est d'autant vu sous l'angle du social que les entrepreneurs qui accèdent à l'achat du capital de l'entreprise publique s'engagent, comme préalable, à conserver, au moins pour une durée de cinq ans, la totalité des effectifs.