Premier novembre : le trajet Ben Aknoun complexe olympique Mohamed Boudiaf, 10 minutes à pieds, nous fut démoniaque en voiture : une heure de route. Le quatorzième Salon international du livre qui a été délogé cette année de la Safex aux chapiteaux du complexe, est devenue le temps d'un week-end prolongé, un pôle attractif aussi fédérateur qu'une rencontre footballistique mondiale. A pied, par bus, en voiture, en covoiturage, les gens affluaient de toute part. Les parking archi pleins, les chapiteaux dressés pour la prière bondés, les toilettes envahies, le petit café surchargé….Bref c'est un vrai pèlerinage. Les travées du salon ruissellent d'odeur acre d'humains. Les enfants n'y sont pas admis : c'est juste pour les grands. Mais on a pensé à eux, un petit chapiteau leur sert de garderie. Dedans, y a rien ou presque, une tente vide pour attendre sous l'œil vigilant d'agents de sécurité le retour de papa , de maman ou des deux. Les livres sont hors de prix mais les stands locaux ou étrangers ne désemplissent pas. " Hamdoulah " (Dieu Merci) nous disent les représentants des éditeurs comme Casbah, Chihab, l'ENAG pou encore Sedia où est passé ce premier novembre, Anouar Benmalek pour dédicacer son dernier roman, " Le rapt ". Chez Sedia, les romans coûtent autour de mille dinars. Chez Casbah, le tarif des livres témoignages sur l'histoire de l'Algérie sont autour de 500 DA. Chihab éditions dans les collections de poche importées chez les grosses maisons françaises comme Gallimard ou Fayard, un ouvrage daté coûte plus de 1000 DA. Les étudiants envahissent le stand OPU, pas cher mais très bien achalandé : quelques thèses d'enseignants éditées par cette maison publique spécialisée dans l'édition universitaire. Les maisons d'édition arabe sont quasiment surmenées. Les livres religieux s'achètent par carton, par balle transportés d'ailleurs par groupe de cinq ou six jusqu'au fourgon, stationné dans le parking. Que peut-on dire de cette affluence ? Les ouvrages ne coûtent pas moins cher dehors, quand elles existent les remises sont sommaires au Salon. Quoique ce rendez-vous offre plus de choix qu'ailleurs, parce que tous les participants sortent le grand jeu, ces livres on peut les retrouver partout en librairie. Tous les éditeurs importateurs ont leur propre librairie à commencer par Chihab et Casbah. Mais au salon, tout ou presque y est en même temps. La ruée vers le salon prouve sans doute une chose : c'est que dans les institutions publiques comme les bibliothèque municipales universitaires ou autre, la marchandise n'est pas la même ou alors elle y est sommaire. Le " Livre roi " reste cependant le livre religieux qui accapare à peu près plus de 50% du salon. Que recherchent donc les gens ? "Je dois me mettre à la page. Je suis économiste et je dois mettre à jour mes connaissances. Je viens chercher des ouvrages techniques" nous dit un quinquagénaire en costume bleu marine. D'autres recherchent des livres de cuisine, d'autres encore des romans d'aventures, des livres d'histoire ou tout simplement flânent sous les chapiteaux grouillants qui leur donnent une pâle impression ludique.