Le président afghan Hamid Karzaï a lancé mardi un appel à l'opposition en affirmant vouloir un "gouvernement de participation nationale", et a promis de lutter contre la corruption qui a gangrené son gouvernement. Lors d'une conférence de presse, Hamid Karzaï a expliqué qu'il accueillerait des personnes originaires "de toutes les régions du pays" et n'importe quel membre de l'opposition dans son gouvernement, y compris les talibans souhaitant travailler pour le bien du pays. Son ancien rival Abdullah Abdullah, ancien ministre des Affaires étrangères, avait fait savoir qu'il ne participerait à un nouveau gouvernement. Le président sortant a également promis de lancer des réformes pour lutter contre la corruption, qui a miné la légitimité de son gouvernement. "L'Afghanistan est associé à la corruption. Nous ferons de notre mieux par tous les moyens possibles pour éliminer cette tache sombre de nos vêtements", a-t-il assuré. Dans un communiqué diffusé avant que le président afghan s'exprime, les talibans ont affirmé que l'annulation du second tour de l'élection présidentielle afghane prouve que leurs efforts pour faire échouer le vote avaient été couronnés de succès. Le groupe islamiste a publié son communiqué sur un site internet taliban qui précise que "nos braves moudjahidin ont pu perturber tout le processus". Lundi, le président sortant a été proclamé vainqueur de l'élection présidentielle en Afghanistan, après l'annulation par la Commission électorale indépendante du second tour initialement prévu le 7 novembre et le retrait dimanche de son seul opposant. Abdullah Abdullah avait dénoncé les fraudes massives du premier tour, le 20 août dernier, rendaient impossible un scrutin libre et équitable, en accusant la Commission électorale de partialité. L'élection présidentielle afghane tient enfin son épilogue : Hamid Karzaï a gagné un nouveau mandat. Plus de deux mois après un premier tour entâché de fraudes massives, et au lendemain du retrait d'Abdullah Abdullah pour le second tour initialement prévu samedi prochain, la Commission électorale afghane (IEC) a déclaré lundi le chef d'Etat sortant vainqueur de l'élection. L'IEC - dont le président Azizullah Ludin a été nommé par Hamid Karzaï - avait initialement déclaré dimanche que l'élection se poursuivrait comme prévu, le "délai de rétractation" pour Abdullah Abdullah étant dépassé au moment de son retrait. Mais lundi, alors que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, effectuait une visite-surprise sur le sol afghan, l'IEC a changé d'avis et annulé le second tour, "dans le plus haut intérêt du peuple afghan". "L'annonce surprise de Abdullah Abdullah (...) présentait de grandes difficultés quant à l'organisation d'un second tour de l'élection", a justifié l'IEC. Avant même cette annonce, Ban Ki-moon avait déclaré que l'ONU "respecterait et soutiendrait" toute décision prise par les autorités électorales afghanes sur l'opportunité d'un second tour ou non à la présidentielle afghane. La Maison-Blanche a également pris acte de cette décision, défendant la légitimité de Hamid Karzaï. "Le président Karzaï a été déclaré vainqueur de l'élection afghane... Donc naturellement il est le dirigeant légitime du pays", a réagi Robbert Gibbs, porte-parole de la présidence. Barack Obama s'est ensuite entretenu par téléphone avec son homologue afghan et lui a demandé à cette occasion de faire "beaucoup plus d'efforts sérieux pour éradiquer la corruption" dans son pays.