Le père du structuralisme, le français Claude Lévi-Strauss est mort à l'âge de 100 ans après avoir consacré sa vie à la découverte des sociétés les plus retirées et à la reconnaissance de l'ethnologie. L'auteur d'un des textes fondateurs de la linguistique moderne " Tristes Tropiques " a succombé vendredi dernier dans sa résidence secondaire de Lignerolles, en Côte-d'Or, a dit une secrétaire du laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France, qui l'a appris mardi de la veuve de l'intellectuel. Les obsèques ont déjà eu lieu à Lignerolles, " vraisemblablement hier (lundi), en toute intimité ", a-t-elle précisé. Auparavant, une porte-parole de Plon, sa maison d'édition, avait rapporté que le décès était intervenu samedi. Cette formidable aventure intellectuelle a débuté autour des années 45 lorsque l' anthropologue a été envoyé en mission au Brésil pour quatre ans. Ils sera passionné par les peuples " sauvages " de l'Amérique latine ce qui le poussera a les observer de très près. De ces observations naîtra son célèbre livre "Tristes Tropiques " dans lequel Claude Lévi-Strauss, dit avoir écrit tout ce qui lui passait par la tête, sans philosophie aucune. Plus tard, l'auteur développera les rapports intimes que les peuples ont de par la culture, les rites et les langues et s'aperçoit que dans plusieurs des cas l'homme qui vit au fin fond de la planète avait des similitudes avec celui qui vit en surface. A partir de cette observation il fonde une approche linguistique, " Le structuralisme " qui est un courant des sciences humaines qui appréhende la réalité sociale comme un ensemble formel de relations. En un mot pour aborder l'homme, il faut mettre en relation ses ressemblances et aussi ses différences. Claude Lévi-Strauss, qui a renouvelé l'étude des phénomènes sociaux et culturels, notamment celle des mythes, aurait eu 101 ans le 28 novembre. "L'ethnologie est une des nombreuses manières de comprendre l'homme. On peut essayer d'élargir la connaissance de l'homme pour y inclure les sociétés les plus lointaines", expliquait-il en 1984 à la télévision. Philosophe de formation, Lévi-Strauss souhaitait "que rien d'humain ne nous reste étranger", afin de faire comprendre à ses contemporains que "notre sagesse est une sagesse parmi des centaines ou des milliers". Comme Montaigne, "il avait le désir de comprendre les autres pour arriver à l'homme universel", a dit l'écrivain et académicien Jean-Marie Rouart sur la Télé. Considéré comme l'anthropologue le plus marquant de son temps, professeur honoraire au Collège de France, il était entré à l'Académie française en 1973 au nombre des "immortels". En dépit de la complexité de son oeuvre, Claude Lévi-Strauss est parvenu à faire découvrir l'ethnologie au plus grand nombre dans "Tristes Tropiques", ouvrage scientifique aux accents littéraires paru en 1955. Cette étude des comportements sociaux des Indiens du Brésil, au fort contenu autobiographique, avait manqué d'être récompensée du Prix Goncourt car elle n'était pas un roman. L'académicien Jean d'Ormesson, qui occupait le fauteuil voisin de l'ethnologue sous la Coupole, a salué "le plus grand savant français".