Claude Lévis-Strauss, mort le 30 octobre 2009, a vécu si longtemps que l'on disait de lui qu'il est immortel. Il l'est devenu d'ailleurs en partie après son entrée controversée en mai 1973 à l'Académie française. Né au début du siècle dernier, en 1908, Lévis-Strauss, maître du structuralisme français, fut souvent pris à partie, il a perdu au soir de sa vie plusieurs de ses disciples. Lévis-Strauss n'a jamais fait l'unanimité autour de sa personne et de ses idées : au Collège de France où il se représenta, il a essuyé un échec avant d'y accéder finalement en 1959. Ses prises de position cinglantes sur les Arabes et l'Islam expliquent « l'antipathie » envers sa personne sous nos latitudes. « Les brefs contacts que j'ai eus avec le monde arabe m'ont inspiré une indéracinable antipathie », assure-t-il tout fier dans ses Tristes tropiques. Il en dira presque autant de l'Islam. Lévis-Strauss est né à Bruxelles dans une famille de juifs alsaciens. Après son départ « précipité » à Paris où son père portraitiste ruiné était installé, il rencontre des gauchistes qui l'influenceront durablement. C'est dans cette ville qu'il obtiendra sa licence en droit avant de suivre des études de philosophie à La Sorbonne. Mais l'« essentiel » de sa carrière, Lévis-Strauss la fera en dehors des frontières hexagonales, au Brésil où il étudiera les peuples indigènes. Et en Amérique du Nord où il comptera plusieurs disciples. Un coup de téléphone fut décisif dans le « revirement » intellectuel. Après deux ans d'enseignement, le directeur de l'Ecole normale supérieure, Célestin Bouglé, qui le connaissait de réputation, lui téléphone pour lui proposer d'enseigner à l'université de São Paulo au Brésil. Ses premières missions ethnographiques se sont déroulées dans le Mato Grosso et en Amazonie. Il poussera encore plus loin ses recherches dans des « terra incognito ». Il en reviendra avec des photos mais surtout des systèmes de pensée sur la parenté. Après Tristes tropiques, livre « à mi-chemin de l'autobiographie, de la méditation philosophique et du témoignage ethnographique », Lévis-Strauss se consacrera dès le début des années 1970 à l'étude des mythes. Il fera plus tard son entrée dans la fameuse édition La Pléiade et le président français, Nicolas Sarkozy, voudra le « récupérer » et s'entretenir avec lui sur « l'avenir de nos sociétés ». Tous ne voudront pas en faire autant…