Après quinze mois de négociations et de tergiversations, les compagnies aériennes britannique British Airways (BA) et espagnole Iberia ont scellé, jeudi 12 novembre, leur projet de fusion. Celle-ci donnera naissance au troisième transporteur européen - et le troisième mondial par le chiffre d'affaires - capable de rivaliser avec Air France-KLM et Lufthansa-Swiss. Cette opération, présentée comme une "fusion entre égaux", passe par la création d'un holding, provisoirement baptisé TopCo, détenu à 55 % par BA et à 45 % par Iberia, qui chapeautera les deux compagnies aériennes existantes. Les deux groupes se donnent un an pour faire aboutir leur projet : la fusion définitive devrait être entérinée au cour du premier trimestre 2010 et être pleinement efficace dans un an. Le modèle de la fusion reste celui, désormais éprouvé, de Air France avec le néerlandais KLM, qui n'était autre que celui retenu dans le rapprochement Renault-Nissan. Un modèle qui permet à chaque entreprise nationale de coexister au sein d'un même holding et de maintenir les deux pavillons nationaux, ce qui est important en matière de transport aérien pour des questions d'identité nationale, mais aussi pour des problèmes de droits de trafic. La nouvelle compagnie aura deux "hubs" (plate-formes de correspondance) : Londres et Madrid. Elle paiera ses impôts en Espagne, mais son siège sera installé dans la capitale britannique, où elle sera également cotée. Willie Walsh, patron de BA, va devenir le directeur général du nouvel ensemble, alors que Antonio Vazquez, le tout nouveau président d'Iberia, aura la présidence du groupe. Mises à part les clauses suspensives classiques en matière de rapprochement, comme le visa des autorités de la concurrence ou l'approbation des actionnaires, l'opération British Airways-Iberia reste également suspendue au règlement du problème du plan de retraite de BA, qui a déjà retardé durant plusieurs mois la conclusion des négociations. Ce fonds de pension est déficitaire de 3,2 milliards d'euros, et Iberia n'a pas l'intention de le renflouer. Si aucun accord n'intervenait entre la direction de BA et le fonds, Iberia a déjà fait savoir qu'elle ne concluerait pas le projet. Cet accord marque la fin de la consolidation du transport aérien en Europe, prévue depuis de nombreuses années par les spécialistes du secteur. Il n'y avait de place, selon eux, que pour trois compagnies traditionnelles - Air France-KLM, Lufthansa et British Airways- et deux compagnies à bas coût, Ryanair et EasyJet. Air France-KLM a pris 20 % d'Alitalia, et Iberia était la dernière compagnie ouverte à un rapprochement. Pour justifier cette inévitable consolidation, les experts rappellent que le transport aérien est une activité où les marges sont faibles. C'est en atteignant une taille critique que les compagnies peuvent réaliser de véritables économies d'échelle. Les synergies entre les deux groupes sont chiffrées à 400 millions d'euros à la fin de la cinquième année suivant l'achèvement de la fusion. Un tiers des synergies sera lié au chiffre d'affaires et le reste à des économies réalisées dans l'informatique, la maintenance ou le back-office. Des synergies sont également attendues sur la complémentarité des réseaux : la nouvelle compagnie alliera la forte position de British Airways entre l'Europe et l'Amérique du Nord, surtout New- York, et les activités importantes d'Iberia en Amérique latine. Elle pourrait être éventuellement renforcée par un projet d'alliance a venir avec American Airlines. Ces synergies seront bienvenues pour Iberia. La compagnie espagnole a annoncé, vendredi 13 novembre, une perte d'exploitation supérieure aux attentes pour les neuf premiers mois de l'année: avant intérêt et taxes, elle s'est creusée à 330,9 millions d'euros alors que les analystes tablaient sur un perte de 320 millions d'euros.