Çà y est c'est fait ! très visible sur scène depuis mars, Amazigh Kateb a fait ce qu'il a dit. Son album qui cogitait au studio est enfin dans les bacs depuis le 17 octobre dernier et s'intitule, " Marchez noir ". Il y tenait à cette date qui rappelez-vous est sombrement historique : la police de Maurice Papon avait jeté des algériens à la scéne suite à une manif pacifique contre le couvre-feu instauré pour les algériens. C'est le 17 octobre 1960. Ce premier opus solo, autoproduit, est disponible en particulier sur les dates de concerts et sur le site web de l'artiste. "C'est un retour à ma liberté et à mon histoire personnelle", confie Amazigh Kateb pour expliquer la fin de l'aventure à succès de Gnawa Diffusion, un groupe créé en 1989 à Grenoble et emmené par lui. Pour Amazigh Kateb, Marchez noir est "une insomnie en forme de manifeste : un manifeste pour l'amour, la révolution, le rire, la danse, la sueur et la résistance. Il correspond à un besoin de faire le bilan humain et artistique de vingt ans d'exil et de deuil, de route et de scène, de solitude et de collectif", avec des compagnons de voyage qui s'appellent Mohamed Abdennour (mandole, banjo et guitare), Amar Chaoui (percussion), Mehdi Ziuouech (synthé), DJ Boulaone (scratch) et Samuel Flament alias Kweezy Doctor. Marchez noir, c'est surtout "une grande variété de sonorités ethniques, mises en relief et en valeur par des sons modernes" dans une célébration qui convoque "de la chanson chaâbie au raï, en passant par le gnawi, le ragga, le reggae, le rock, l'électro ou le hip hop..." Sur les douze titres de ce nouvel album, "Bonjour" et "L'Africain" sont des textes de jeunesse du père, Kateb Yacine, disparu il y a vingt ans. Du célèbre écrivain, "parti trop tôt", le fils dit aussi, "Je ne rêve plus de mon père. Il est debout à mes côtés". Précisant sa pensée lorsqu'il déclare, "je me reconnais dans l'insoumission de mon père, et je sais que je la porte volontiers", Amazigh rappelle cependant qu'il s'agit bien d'un album personnel. Après la dissolution de son groupe Gnawa diffusion, Amazigh Kateb a cuisiné pratiquement seul sa musique mais avec une nouveauté cette fois-ci, celle de travailler pour la première fois sur les textes de son père. Le chanteur avoue que c'était une entreprise difficile, puisqu'il lui a fallu vingt années pour se décider à " charcuter, à violenter quelques poèmes de l'écrivain, pour en prendre ce dont il avait besoin " dira -il. Ce triste anniversaire est rappelé par la voix et le verbe de Kateb Amazigh dans un nouvel album. Après une longue absence, Amazigh Kateb, le chanteur gnawi, parcourt les scènes de France avec, dans son goumbri, ses anciennes chansons, mais aussi du neuf. Amazigh Kateb s'est produit le 20 août dernier en cours au festival Rio Loco de Toulouse, avec pour thème cette année le Maghreb central. Notre star de la musique gnawie y a rencontré plusieurs autres figures de proue de la chanson maghrébine, dont Hasna El-Becharia, Idir, Najat Aatabou, Biyouna, Djamel Laroussi, Belkacem Bouteldja et tant d'autres. Le sulfureux ex-leader du groupe "Gnawa Diffusion", après sa séparation avec la formation la plus glamour de la planète sud, Amazigh a passé une année à traîner la savate un peu partout, histoire de changer d'air (de musique), de faire des rencontres, batifoler entre l'Afrique, l'Europe et l'Amérique latine pour en récolter le pollen de ses chansons. Voilà qu'il revient aujourd'hui avec un nouvel album : Bush méte (Bush est mort), son tout dernier titre, autoproduit cette fois et téléchargeable gratuitement sur son site Internet. Une chanson célébrant la fin d'un prédateur et la naissance, pour ainsi dire, d'un nouvel Amazigh. Mais la "mort" de Bush n'était qu'un prologue à son nouvel album solo.Quelques extraits de ce travail ont été entendus à Alger à l'occasion du Panaf où le chanteur était invité à animer entre autres la soirée d'ouverture et quelques concerts ici et là et notamment à Tizi Ouzou. Il était très content d'ailleurs Amazigh Kateb de devoir chanter pour la première fois dans cette ville frondeuse avec laquelle il entretient un rapport comme de paternité qui est celui de la révolte. Selon Amazigh Kateb, ce nouvel opus parle d'Algérie et d'amour. Amazigh Kateb qui est devenu depuis une année cet électron libre du champ lyrique a travaillé durant plus de 14 ans aux côtés des membres de Gnawa diffusion, explorant ainsi les richesses musicales de l'Afrique du Nord et proposant des textes aussi bien en arabe, en français qu'en anglais. Au tableau de " l'état civil ", il avait 14 ans d'âge, mais seulement dix années de carrière discographique. Un parcours rythmé par des centaines de concerts dans les arènes du monde, pas moins de trois disques en studio, un album live en Algérie et quelque 500 concerts. Dans son répertoire, l'ex-groupe franco-algérois oscille entre chants traditionnels, sentimentaux, militants et festifs. Avec une satire subtilement dosée, et un humour corrosif, Gnawa diffusion vilipende sans ambages les maux de ce monde, et ceux qui les instrumentalisent. Rachida Couri