Le président américain Barack Obama est arrivé à Tokyo, première étape d'une tournée en Asie qui se poursuivra à Singapour, en Chine et en Corée du Sud. Le président américain et le Premier ministre japonais Yukio Hatoyama, qui a pris ses fonctions en septembre, présideront dans la journée un sommet bilatéral. Occasion de chercher à raffermir des liens distendus par des divergences sur la présence militaire américaine sur l'archipel au moment où la Chine est sur le point de doubler le Japon au rang de deuxième puissance économique mondiale. Hatoyama, qui a mis fin à un demi-siècle de gouvernement conservateur au Japon, s'est engagé devant les électeurs à donner au Japon une diplomatie plus indépendante, moins alignée sur les Etats-Unis. "Je veux faire de (cette rencontre) un sommet qui montre l'importance des relations américano-japonaises dans un contexte mondial", a déclaré Hatoyama à la presse vendredi matin avant l'arrivée d'Obama. Pour l'ambassadeur des Etats-Unis au Japon, John Roos, le président américain cherchera lui aussi à réaffirmer l'importance du lien entre Tokyo et Washington. "Le président Obama croit que le temps est venu de réaffirmer et d'étendre cette alliance afin de garantir une paix durable et la sécurité dans la région et contribuer aux défis en matière de sécurité internationale", écrit-il dans une tribune publiée par le Japan Times. Obama, qui entame une tournée de neuf jours sur le continent asiatique, et son hôte japonais doivent publier une déclaration commune à l'issue de leur rencontre. Samedi, le président américain prononcera un discours sur les relations entre les Etats-Unis et l'Asie et sera reçu en audience par l'empereur Akihito et l'impératrice Michiko avant de se rendre à Singapour pour le sommet des dirigeants de l'Apec, le Forum de coopération économique Asie-Pacifique. Il ira ensuite en Chine et terminera sa tournée asiatique les 18 et 19 novembre en Corée du Sud. D'après la presse japonaise, Obama et Hatoyama devraient convenir dans leur déclaration de travailler ensemble pour promouvoir le désarmement nucléaire et appeler la Corée du Nord à reprendre les discussions sur son programme nucléaire, ainsi que l'Iran à lever les doutes sur ses activités atomiques. Les deux leaders concluront aussi un accord de coopération dans le développement des technologies "vertes" et le nucléaire civil. Cinq domaines seront concernés: réseaux électriques propres, capture et stockage du carbone, énergie nucléaire, recherche, et énergies renouvelables. Les Etats-Unis et le Japon devraient aussi appeler à une baisse des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial de 80% d'ici à 2050 mais sans fixer d'objectifs à moyen terme, croit savoir le quotidien économique Nikkei. Aucun progrès n'est attendu en revanche sur l'épineuse question de la base aérienne des marines de Futenma, à Okinawa. Les Américains tiennent à voir mis en oeuvre un accord signé en 2006 qui prévoit le déménagement de la base, située dans une zone urbaine vers une région plus isolée de l'île. Cet accord s'inscrit dans le cadre plus général d'un plan de réorganisation de la présence des 47.000 soldats américains dans l'archipel. Mais Yukio Hatoyama, dont le Parti démocrate a mis fin à un demi-siècle de quasi-hégémonie du Parti libéral démocrate au Japon lors des législatives du 30 août dernier, a promis lors de la campagne qu'il n'y ait plus de base américaine à Okinawa, qui abrite plus de la moitié des forces américaines au Japon. De nombreux habitants d'Okinawa se plaignent de la délinquance, du bruit et de la pollution liés selon eux aux bases. Hatoyama a annoncé vouloir entamer un réexamen du cadre de sécurité qui régit les liens entre son pays et Washington, et le cinquantième anniversaire sera célébré en 2010. "Le président Obama croit que c'est une occasion de moderniser et d'adapter cette alliance pour faire face à certains défis nouveaux", a dit un haut responsable américain s'exprimant sous couvert d'anonymat.