Les prix du soja ont progressé cette semaine sur le marché à terme de Chicago, tirés vers le haut par la manifestation d'une forte demande, tandis que ceux du maïs et blé ont connu une évolution plus mitigée. "Il y a l'impression que la demande de soja pourrait être encore plus forte que ce que l'on pensait auparavant, et il est donc possible qu'à la fin de la saison, l'offre de soja aux Etats-Unis soit inférieure aux prévisions officielles", a expliqué Bill Nelson, de Doane Advisory Services. Plusieurs statistiques sont venues appuyer cette hypothèse. Selon le décompte hebdomadaire du département de l'Agriculture (USDA), les Etats-Unis ont vendu 1,35 million de tonnes (Mt) la semaine dernière, contre 1,27 Mt la semaine précédente. La demande chinoise a encore été importante, le pays achetant plus de la moitié du total, avec 774.700 tonnes. L'association américaine représentant l'industrie spécialisée dans la transformation du soja, la National Oilseed Processors Association, a annoncé que ses membres avaient consommé une quantité de soja bien supérieure aux attentes en octobre, a indiqué M. Nelson. "On a eu des pluies dans le centre des Etats-Unis, et donc même si la récolte a fait d'importants progrès dans la première partie de novembre, les précipitations causent des problèmes pour les 10% des cultures" non récoltées, a ajouté l'analyste, pour qui il y a donc "plus de risque" de dégâts. A la date du 15 novembre, seulement 54% des maïs et 89% des sojas ont été récoltés, contre respectivement 77% et 95% en 2008, et 89% et 96% en moyenne sur les cinq dernières années, selon l'USDA. Faute de signes d'une forte demande, maïs et blé ont surtout suivi l'évolution du dollar, des marchés boursiers et des cours de l'énergie, qui se sont montrés volatils, sans direction franche. Pour leur part, les cours du café et du cacao ont rebondi cette semaine, à la faveur d'un engouement général pour les marchés de matières premières, tandis que le sucre continuait sa progression, la grogne des planteurs de canne à sucre indiens entretenant la tension sur les cours. Les cours du cacao sont nettement remontés cette semaine, renouant avec les niveaux enregistrés début novembre. Le prix de la fève brune a grimpé à 2194 livres à Londres et 3319 dollars à New York, des plus hauts depuis début novembre. Sur le Liffe, la tonne de cacao pour livraison en décembre valait 2190 livres sterling vendredi à 16H30 GMT, contre 2022 livres pour la même échéance une semaine plus tôt à la même heure. Sur le NYBoT, le contrat pour livraison en mars valait 3310 dollars contre 3117 dollars pour l'échéance de décembre vendredi dernier. Les cours du café ont eux aussi rebondi cette semaine, à la faveur d'un engouement général pour les matières premières et d'une pénurie de cafés de qualité, en provenance de Colombie. "Le marché continue à être influencé au jour le jour par des facteurs extérieurs, comme les devises, l'activité des spéculateurs et les nouvelles macroéconomiques", a constaté Kona Haque, spécialiste des alimentaires à la banque australienne Macquarie. La hausse des prix devrait toutefois être limitée par "des approvisionnements importants (...), surtout pour les cafés de qualité médiocre", juge Mme Haque. En revanche, le marché bénéficie de la rareté des cafés de haute qualité, comme les robusta. Les cours du sucre ont progressé, soutenus par l'attente d'un déficit massif cette année, notamment en Inde, où des milliers de producteurs de canne à sucre ont réclamé des prix plus élevés. "De fortes pluies au Brésil, combinées à l'anticipation, de plus en plus forte, que l'Inde restera importatrice nette de sucre durant la saison 2010-2011, continuent à soutenir les prix", a commenté Yingxi Yu, analyste chez Barclays Capital. Du côté des métaux précieux, les prix de l'or ont accentué leur progression cette semaine, clôturant à 1140 dollars après un nouveau record absolu à 1152,85 dollars l'once, entraînant l'argent, le platine et le palladium, qui ont touché des plus hauts depuis plus d'un an. La flambée entamée au début du mois s'est poursuivie, avec une nouvelle série de records historiques, culminant à 1152,85 dollars mercredi en séance. La dynamique poussant les prix de l'or est restée la même: la faiblesse persistante du dollar pousse les investisseurs à se défaire de leurs billets verts pour acheter de l'or, un placement considéré comme plus sûr. Signe de cet engouement, l'investisseur américain John Paulson, un des rares à avoir tiré partie de la crise financière, a lancé un fonds spécialisé dans le métal jaune, a indiqué jeudi le Wall Street Journal. "La demande des bijoutiers et des investisseurs sur les marchés non-occidentaux a rebondi par rapport aux niveaux très bas enregistrés au premier trimestre, tandis que la demande industrielle a commencé à se redresser grâce à l'amélioration des conditions économiques", précise le rapport. R.T.M.