Les prix du blé ne cessent de flamber sur le marché mondial. Le blé américain, à titre d'exemple, n'a jamais été aussi cher. Cette envolée des prix est poussée par une forte demande internationale, alors que les stocks sont au plus bas depuis 60 ans aux Etats-Unis. En effet, le prix du blé est monté à 10,93 dollars le boisseau, vendredi vers 17h00 GMT, sur le marché à terme de Chicago, un niveau historique, effaçant des tablettes, au passage, sa précédente marque de référence, qui remontait à la veille. Cette flambée s'est matérialisée par des gains quotidiens de 30 cents, l'évolution maximale autorisée, au cours des quatre dernières séances. Il faut dire que depuis le début de l'année, le cours du blé a crû de 23,50%. Il a doublé par rapport à un an, quand il était à 5 dollars. "Les prix du blé américain bénéficient d'un déséquilibre entre une offre qui baisse et une demande qui ne cesse de s'accroître", explique Dax Wedemeyer, un analyste américain. En une semaine, deux des principaux exportateurs mondiaux de blé en l'occurrence les Etats-Unis et le Canada ont revu à la baisse le niveau de leurs stocks. Les réserves de blé aux Etats-Unis sont tombées à 7,4 millions de tonnes (Mt), contre 12,41 Mt à la fin de la campagne précédente. Il s'agit de leur niveau le plus bas depuis 60 ans, selon le département américain à l'Agriculture (USDA), qui a expliqué le phénomène par le grand dynamisme des exportations. Celles-ci ont été relevées à 32,66 Mt, contre 31,98 Mt il y a un mois. Ces annonces interviennent quelques jours après que le Canada eut revu à la baisse le niveau de ses stocks, à 15,1 Mt, contre 21,6 Mt un an plus tôt. L'évolution à la baisse des stocks est d'ailleurs générale dans le monde entier. Par conséquent, les acheteurs craignent désormais pour leurs approvisionnements futurs. Et c'est le moins que l'on puisse dire. Certains pays importateurs anticipent leurs commandes auprès de plusieurs fournisseurs . Signe de ces inquiétudes, l'Egypte, que les analystes disent être souvent réticente à acheter lorsque les prix sont hauts, vient tout juste de se procurer 150.000 tonnes de blé sur le marché mondial. Si cette envolée devrait se poursuivre, les analystes espèrent que les intervenants pourraient céder à la tentation d'empocher leurs bénéfices, donnant ainsi un coup d'arrêt au bond des cours. "Il y a eu beaucoup d'achats ces derniers jours, les acheteurs pourraient décider à moyen terme de revendre et sécuriser leurs bénéfices. On assisterait alors à un mouvement technique de repli des prix", avancent des analystes Outre le blé, les prix des graines de soja flirtent aussi avec les records, à 13,72 dollars vendredi, à un cent de leur plus haut absolu (13,73 dollars). Le soja profite du couple fortes exportations/baisse des stocks aux Etats-Unis, premier pays exportateur. Depuis la fin des dernières récoltes, les grandes cultures (blé, maïs et graines de soja) se livrent une compétition pour s'imposer dans les semis de 2008, car une production agricole, dont le prix est à la traîne par rapport aux autres, sera délaissée par les agriculteurs, expliquent les analystes. S'il en profite, le prix du maïs (5,12 dollars vendredi) voit toutefois sa progression neutralisée momentanément par la possibilité d'une baisse de la production d'éthanol, biocarburant tiré de cette céréale. Le cours du maïs s'était fortement apprécié après que le gouvernement américain se fut donné pour objectif de porter à 35 milliards de gallons (133 milliards de litres) sa production d'éthanol d'ici à 2017.