La finance islamique brasse des flux de 840 milliards de dollars avec une croissance annuelle d'environ 15 %. Selon Anass Patel, président de l'Aidimm, le marché de la finance islamique mondiale pourrait atteindre les 1 000 milliards de dollars dès 2010 et beaucoup plus par la suite d'après les spécialistes. Plus de la moitié de ce marché est détenue par les banques commerciales. Le reste du marché est composé des boutiques de banques d'affaires pures comme les fonds de capital-investissement ou immobiliers, des fenêtres islamiques des banques conventionnelles internationales et des produits islamiques tels que le takaful (assurance), des sukuk (titres d'investissement). Par ailleurs, les pays qui ont des parts de marché de finance islamique importantes sont pour la plupart des pays dont le système bancaire islamique est très développé, démontrant s'il en était besoin, que c'est le marché de détail qui permet à la banque islamique de mieux établir sa présence. L'histoire du développement de la finance islamique montre également que l'un des facteurs de croissance de cette industrie dans les années 80 était lié tout particulièrement à la montée en puissance de la clientèle grand public. Le marché britannique a en quelque sorte donné naissance à la finance islamique européenne, notamment par l'ouverture de la première banque islamique anglaise créée en 2004, dont les capitaux initiaux étaient apportés par des investisseurs du Golfe mais ouverts par la suite à tout le monde sur la bourse londonienne. La Banque IBB, dès le départ positionnée comme une banque de détail, contraste dans ce marché des investissements internationaux recherchant les produits de la banque d'affaires plus faciles à structurer et plus rentables rapidement. En effet, les autres banques d'affaires islamiques qui opèrent en Grande-Bretagne sont principalement tournées vers leurs clientèles d'affaires du Golfe, des gros investisseurs du Qatar, Bahreïn ou autres Koweït afin d'accompagner leurs investissements en Europe et à partir de la place de Londres, plus compatibles avec leur mode de fonctionnement. Aujourd'hui, le modèle IBB fait un retour en force, dans un marché bancaire sinistré, où la confiance envers les banquiers a pris un gros coup. Les clients, et pas seulement musulmans, préfèrent placer leurs comptes dans des banques dont les produits sont simples, clairs, pas plus chers et dont leur éthique leur a préservées des produits dits toxiques. La banque islamique, procède dans un but lucratif, mais également avec un objectif social sous-tendant une éthique de la responsabilité sociale et caritative, notamment par le biais de leur engagement actionnarial et de leur politique de redistribution en vertu de la zakat (impôt social purificateur et pilier de l'islam). Néanmoins, le modèle de développement de la banque islamique reste à peaufiner dans les pays non musulmans.