Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a invité, hier, le président palestinien Mahmoud Abbas à le rencontrer pour relancer les négociations de paix. « Au dirigeant de l'Autorité palestinienne, je dis, rencontrons-nous pour parvenir à une paix politique et économique », a-t-il déclaré à l'ouverture du Conseil des ministres hebdomadaire exceptionnellement réuni à Beersheba, dans le sud d'Israël. « Il n'y a aucune raison pour que nous ne nous rencontrions pas avec le président de l'Autorité (palestinienne) et je propose que cela ait lieu à Beersheba en vue de faire avancer la paix pour le bien des deux peuples », a-t-il ajouté Netanyahu, dont les propos ont été retransmis par la radio militaire. Le président Abbas a réagi en appelant les dirigeants israéliens à remplir leurs engagements dans le cadre de la « feuille de route ». « Comme nous l'avons déjà dit, ce qui est exigé (...) c'est que toutes les parties, palestinienne et israélienne, remplissent leurs obligations dans le cadre de la Feuille de route », a déclaré M. Abbas. La « feuille de route », un plan de paix lancé en 2003 par le Quartette (USA, Russie, UE, ONU) et approuvé avec des réserves par Israël, prévoit notamment l'avènement par étapes d'un Etat palestinien ainsi que la fin des violences et le gel de la colonisation en Cisjordanie. En début de soirée, M. Netanyahu a de son côté appelé les Palestiniens à reconnaître le caractère « juif » de l'Etat d'Israël. « La source du conflit avec les Palestiniens est leur refus de reconnaître le droit des juifs à leur Etat, et j'appelle la direction et le peuple palestinien à reconnaître ce droit pour que s'ouvre la voie de la paix », a déclaré le Premier ministre israélien lors d'une cérémonie à Jérusalem marquant le 105e anniversaire de la mort de Théodore Herzl, théoricien du sionisme politique. Feuille de route, feuille de vigne… Or, en posant cette condition, Netanyahu se dispense de son devoir de geler la construction des colonies au vu et au su des Etats-Unis. Pis encore, le petit Etat palestinien qu'il a condescendu à accepter, à la mi-juin, n'est qu'un « micro Etat » « démilitarisé » et non souverain sur ses « aires », que le président Abbas a tôt fait de rejeter. Netanyahu et Abbas ne se sont pas rencontrés depuis que le premier a pris le pouvoir. La décision d'organiser le Conseil des ministres à Beersheba, non loin de la bande de Gaza, a été prise pour exprimer la volonté du gouvernement de développer la région désertique du Néguev, a souligné la présidence du conseil. Mais l'autorité palestinienne reste inflexible sur le gel des colonies. Le principal négociateur palestinien, Saeb Erekat, a répondu hier du tac au tac au Premier ministre israélien. Dans une déclaration à la radio Voix de la Palestine, M. Erekat a souligné qu'il n'y a « pas de solutions de compromis sur la question des colonies, soit l'activité de colonisation s'arrête, soit elle ne s'arrête pas ». A ce propos, le principal négociateur palestinien a précisé que le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avait adressé samedi un message à son homologue américain, Barack Obama, pour lui faire part de sa position sur cette question. « Si la construction de colonies se poursuive, Israël sera autorisé à construire un millier d'unités par-ci, deux mille unités par-là, ce qui conduira les Arabes et les Palestiniens à penser que l'administration américaine est incapable de faire comprendre à Israël d'arrêter ses activités de colonisation », a-t-il souligné. C'est dire que c'est le dialogue de sourds qui se poursuit entre l'Autorité palestinienne et Israël, devant des Etats-Unis incapables, pour le moment, de faire entendre raison à Netanyahu. Et ce sont les négociations de paix qui se retrouvent dans l'impasse alors qu'elles sont en panne depuis 2008, en raison justement de la poursuite de la colonisation juive dans les territoires palestiniens et des agressions israéliennes, notamment sur la bande de Ghaza. Le président américain Barack Obama, qui a pourtant ordonné à l'Etat hébreu de stopper totalement les colonies « sauvages ou naturelles », ne semble pas pouvoir infléchir la position du gouvernement de l'extrême droite dirigée par Benyamin Netanyahu.